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Cela aurait pu être un bel hymne à la nature, à la démocratie, aux méthodes d’éducation alternative, à la liberté. Des acteurs bien choisis : Virgo Morgensen toujours impeccable et une bande de jeunes intéressants, notamment l’aîné joué par George Mackay. Hélas le film rate son coup et le scénario de Capitain Fantatic passe complètement à côté du sujet et ne délivre, au final, qu’un message survivaliste plutôt violent et déprimant.


Une famille en rupture de ban avec la société, vit dans un coin de forêt sauvage des Etats-Unis. Le père, charismatique et autoritaire, fait vivre à ses huit enfants un entraînement physique intense et quasi militaire. Ils apprennent à chasser au couteau et s’entraînent au combat dans le but avoué de tuer l’adversaire. Voilà pour le « corpore sano ». Amis de la chasse et de la loi du plus fort, ce film va vous enchanter.
Toujours sous la dure férule du père et pour justifier du « mens sana » on voit les enfants parler livres et théorie quantique autour du feu du soir. Sûrement effrayé par l’intensité du traitement infligé à ces enfants dans ce film, le scénariste fait sortir les guitares pour justifier que, que "si, si" on s’amuse quand même bien dans cette famille, la preuve, on chante et on danse. La mère est absente, on apprendra qu’elle était hospitalisée depuis trois mois, pour cause de maladie mentale de type bipolaire et qu’elle vient de mourir en se suicidant. Du passé de la mère, on comprendra qu’elle était avocate et fille unique d’une famille riche. Du passé du père, on ne saura rien, si ce n’est qu’il est suffisamment instruit pour avoir créé une méthode d’éducation permettant à son fils aîné d’être accepté dans les plus grandes universités du pays et à sa fille cadette, âgée d’environ 8 ans, de mettre une pâtée démocratique à ses cousins forcément gâvés de télévision et de jeux violents, en leur faisant un cour magistral sur le 8e amendement de la Constitution Américaine.


Le père n’est pas le bienvenu à l’enterrement, la belle-famille l’a dans le collimateur. Les enfants insistent lourdement et il faudra une main cassée pour que le père prenne conscience que c’est quand même leur mère qui est morte et qu’il va prendre sur lui, pour affronter sa famille et sa belle-famille.
À partir de là, le scénario part en vrille et sous prétexte de liberté dans un gloubiboulga idéologique.
On apprendra en vrac : que parce que la société capitaliste est pourrie, voler un voleur, c’est bien. La famille ayant une stratégie bien rodée pour voler dans les supermarchés. Super idée éducative !
Par contre, les parents n’avaient rien contre le principe de propriété, puisque pour être pénard, ils ont acheté le coin de forêt dans lequel la famille vit. Que, toujours sur le chemin, la famille fête Noam Chomsky (qui ne doit pas en demander tant !) qui est célébré comme le père noël et les enfants reçoivent comme cadeau des couteaux, ils en sont enthousiasmés, la plus petite reçoit aussi un livre sur les joies du sexe. Sexe et sang, ça fait souvent bon ménage. Sur une aire de camping, on pourra voir Vigo totalement nu, dans une scène gratuite, mais quand même vendeuse. L’aîné se ridiculisera à demander la première fille venue en mariage, ben oui, il peut entrer dans les grandes universités, mais pas conter fleurette aux filles, un intellectuel étant forcément un incapable avec le beau sexe.


Arrivé à l’enterrement, la famille se heurtera violemment aux grands-parents, ceux-ci ne respectant pas les dernières volontés de leur fille, à savoir une incinération bouddhiste. Un des enfants se révoltant contre le père (on se demande bien pourquoi) voudra rester avec les grands-parents. Là encore le père ne cédera que parce qu’une de ses filles se casse les cervicales en voulant récupérer son frère. Le père capitule et laisse son enfant et n’a pour seul souci, de demander à son beau-père de surtout continuer à le faire chasser (le grand-père aussi aime dézinguer du panpan). Triste et seul, il repart, mais heureusement les enfants se sont cachés dans le bus et, ni une ni deux, tout ce petit monde s’en va déterrer maman pour emmener son corps et le brûler dans la montagne, les gardes forestiers ne s’inquiètent de rien dans ces coins là. Les grands-parents apparemment non plus, puisqu’ils ne lancent aucun avis de recherche et tout le monde fait ses petites affaires, pépouze. Puis, on mettra les cendres de maman dans les chiottes d’un aéroport, le fils aîné partant pour l’Afrique. On verra, au final, le père et le reste des enfants, déjeuner dans une petite maison dans la prairie, prêt à partir pour l’école locale. Ils vivent en autosuffisance, mais fini les rêves de liberté, la famille est rentrée dans le rang, l’Amérique peut dormir tranquille.


Donc, tout ça pour ça !?
Si cette famille avait commencé par là, en pratiquant tranquilou une méthode Montessori, tout en faisant pousser ses légumes bio plutôt que d’arracher le cœur des biches dans les bois, elle aurait été plus heureuse, la mère aurait pu être mieux suivi médicalement, les enfants devenir vraiment « des rois philosophes » et le père aurait mérité le titre de Captain Fantastic comme bien des papas qui vivent avec leur famille, autrement, mais en paix !

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le 17 janv. 2017

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