Venus beauté
Bonjour et bienvenue sur ma critique de Cartouche. Je ne vais pas faire une critique (en fait) mais juste un point de vu de quelques lignes sur mon ressenti de la première fois ou j'ai maté ce petit...
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le 1 mai 2020
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Je me fends d'une critique rapide pour un coup de cœur tardif et inattendu.
Tardif et inattendu parce qu'il ne m'a pris que sur le fin, par inadvertance, alors que ma vigilance était endormie par un pur divertissement un peu vieilli. Comme si, sortant d'un obscur cagibi un peu moite, je me retournais et voyais, au lieu d'une porte biscornue et fermant mal comme j'aurais pu m'y attendre, un perron élégant entourant un huis raffiné.
Oui, je dois être sensible à ce genre de drames facilement romantiques, naïfs, incomplets, ou timides. Mais je ne m'en plaindrai pas tout de suite.
Cartouche, c'est l'enfant doué, rebelle et insouciant, qui amuse la galerie avec son charme, son charisme et ses rodomontades, lorsque nul ne semble pouvoir lui redonner un peu de gravité. Cartouche commence avec des ficelles épaisses, du bébête et un peu de Bébel, sans trop, du film "qui ne prend pas la tête", selon l'expression consacrée dans la médiocratie commerciale. Du divertissement pas tout à fait pascalien. Des couleurs, une musique de Georges Delerue entraînante, de l'action qui ne prête pas à réfléchir, des capes, de l'épée, des bandits au grand cœur, des aristocrates hautains, un peu de poudre et de la bonne humeur pas chère. Cartouche y règne, comme invulnérable aux troubles du monde, échappant aux balles de la guerre comme par miracle, insaisissable par les hommes de Malichot comme par ceux de Ferrussac, sans que l'on sache trop comment ni pourquoi. On ne voyait que lui et pourtant il passait inaperçu. C'est un enfant terrible à qui l'on pardonne tout, qui s'amourache au premier regard d'une Esmeralda un peu voleuse, son alter ego sans le nez tordu. C'était l'homme le plus riche du monde ; l'or ne lui prenait même pas tout. De quoi pouvait-il se plaindre ? C'est beau, l'enfance.
Cartouche est resté un enfant, ne sachant que vouloir, sans attache que des amis qui lui pardonnent tout et le suivent en toute circonstance. Le cœur incapable de se fixer, voulant tout et rien à la fois, pris dans une indécision qu'il masque sous un visage péremptoire et joyeux, conquérant. Jouant d'une éthique légère et pour tout dire simpliste, de jouisseur pas encore soixante-huitard, d'hédoniste sans licence, d'épicurien sans Lucrèce, il glisse sur l'onde d'une vie bien finie et bien lisse, sans obstacles, sans montagnes, sans tempêtes, et croit que tout est à sa portée. Et puis l'enfant se confronte aux femmes. Ne parlons pas d'amour, c'est insensé. Parlons de la vraie nature des femmes, de leur nécessaire rectitude, de leur force d'âme, de leur faiblesse aussi, qui n'est, peut-être, qu'une pitié pour l'ignorance des choses. L'homme, comment pourrait-il être faible ou fort ? Il ne sait rien. Il se laisse porter par les événements, par son talent, par sa fortune. Ce n'est qu'un enfant, plus ou moins grand, plus ou moins rutilant, toujours entouré de ces femmes qu'il tourmente, dont il est aimé, qui le protègent ou qui le perdent. Vénus l'a protégé, notre enfant. Cupidon s'est assombri. Il n'est toujours pas sévère, Dominique, et la dévote Isabelle de Ferrussac aura, bien malgré elle, amené l'évanouissement d'un bonheur qu'on pensait intouchable. Cartouche, finalement, c'est peut-être un peu tout cela. Cette gravité qui surgit pour l'insouciant qui ne prend rien au sérieux, qui pense que tout est un jeu, qui toujours se met en scène, et tâche même de mettre en scène la mort, celle de Vénus, la sienne, celle de ses compagnons. Comme s'il avait une prise sur les événements. Au fond, il reste le même.
Je ne sais pas trop pourquoi j'ai ce coup de cœur. C'est d'ailleurs assez rare que j'écrive une critique à peine quelques minutes après le visionnage du film. Je m'y sens comme attiré par l'éphémère besoin de consigner les quelques poussières de sensibilité que le divertissement pur et imparfait aurait pu engloutir et que j'ai cru apercevoir dans un reflet trompeur.
Il doit y avoir un peu plus que ces couleurs vives, ces répliques incertaines et ce scénario à l'apparence si naïve. Il y a un peu plus. Beaucoup ? Je ne sais pas. Mais un peu.
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Créée
le 30 déc. 2015
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