Oued Side Story
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Incroyable. Pendant tout le film, Ilsa cherche à faire comprendre à Rick qu'elle est moins fidèle que loyale, et moins à un homme qu'à un devoir anti-nazi. Elle s'insurge contre lui, et à raison, de ne penser qu'à lui, de ne pas avoir conscience des enjeux politiques, du contexte de guerre et de fascisme, qu'il doit mettre son grotesque orgueil de mâle frustré de côté au nom de la lutte; et lui malgré cela continue son chantage minable et pseudo-classe, pseudo-BG, alors que sa réaction est risible.
Et tout ça pour quoi ? Pour qu'au final, il lui fasse la leçon comme à une fillette naïve et idiote à qui il explique la vie :
"je ne prétends pas être un héro, mais je me rends compte que les problèmes de trois pauvres êtres humains comme nous ont peu d'importance. Un jour, tu comprendras..."
Qu'elle comprenne un jour ce qu'elle cherche à t'expliquer depuis 1h de film ?! De ne pas penser qu'à son petit confort de neutralité égoïste ? C'est quoi cette blague ?
En prime, durant tout le film, PAS UN SEUL plan scénique qui zoome sur le visage de Ilsa sans qu'elle ait les yeux humides et brillants de larmes, laissant entendre une hyper-émotivité irrationnelle.
Autre chose, une réplique magistrale et brillante de Ilsa :
"Et vous, vous vous attendrissez sur vous-mêmes. Vous êtes comme ceux qui perdent au jeu et accusent la fatalité. Et parce qu'une femme vous a délaissé, vous haïssez l'humanité toute entière. Vous êtes un lâche et un mufle !"
Tout est dit ! Rien à jeter, tu as tout-à-fait-rai-son !
Et....blanc de quelques secondes, des larmes, et un murmure coupable : "oh, pardonnez-moi..." . Et oui, c'était trop beau de voir une parole intelligente de révolte féminine pour être toléré sur grand écran en 1942, la femme doit reprendre sa place : soumise, taiseuse, émotive.
D'ailleurs, quand elle parle à Rick de son amour pour Laszlo, c'est pour dire qu'il lui a fait découvrir et comprendre des choses qu'elle ne voyait pas, qu'il la fait devenir quelqu'un d'engagé, histoire de rajouter une couche pour dire qu'elle ne s'engage évidemment pas d'elle-même dans la résistance : c'est encore un mâle alpha qui lui montre le chemin en la prenant par la main, pour lui expliquer ce qu'il faut faire.
En cela, le film est un pur scandale. Le faux anti-héro qu'est Rick est pourtant bien un anti-héro. Même la scène finale est écoeurante : on doit te dire merci d'avoir un début de prise de conscience des enjeux ? Parce que tu es le mâle alpha ? Tu peux aussi aller t'étouffer dans ton déni.
Malgré tout cela, une réalisation superbe, certaines scènes excellentes, une atmosphère très bien rendue et des acteurs très bons. Dommage simplement pour ce scénario pathétique.
Créée
le 26 déc. 2023
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