Hiver 1989, Bucarest. Dans le contexte de la dictature menée en Roumanie par Ceucescu, les petites gens se préparent à la Nouvelle Année, sans attente et pour la plupart blasés ou à bout de nerfs.
Le film brosse une panoplie de quotidiens : celui d'une dame qui se voit relogée de force, une actrice de théâtre qui doit prononcer malgré elle les voeux patriotiques, des jeunes étudiants qui planifient leur fuite, un ouvrier qui doit participer au défilé pour le régime...et toute une rimbabelle d'autres personnages qui leur sont liés.
Dans un scénario parfait (trop parfait peut-être), tous ces quotidiens, toutes ces personnes vont petit à petit se voir interagir entre elles, dans un déroulé détaillé et tacté. Car il y a une solidarité sous-jacente de ces destins liés par la condition d'oppression de la dictature. Traînant parfois en longueur, le film aurait pu gagner en dynamisme en écourtant certaines scènes. Mais peut-être est-ce là le sens du film, qui fait honneur au Boléro de Ravel, cette ritournelle qui ne semble jamais s'arrêter et qui tourne le temps du grand final.
Ce cinéma roumain, à l'image de la société roumaine, a un grand sens de l'humour qui revêt même un sens existentiel. Il s'agit d'une tragi-comédie, comme expliquée pendant la scène de la pièce de théâtre, une mise en abyme du film et de manière plus générale du sens de la vie. Si les horreurs du régime sont évoquées (la corruption, le manque de nourriture...), cela est fait avec habileté et un sens de l'humour, comme seule arme de protection et de résistance au régime.
Un sens de l'humour qui frise avec l'absurde, et qui fait qu'un pétard peut provoquer une révolution.