Ce sentiment de l'été c'est le ciel bleu et l'herbe verte, c'est les enfants qui jouent dans les fontaines et les adultes qui paressent le long des trottoirs, c'est la douce musique des pneus de vélo sur le goudron brûlant et des ballons qui rebondissent au milieu des semelles qui crissent, c'est les journées qui s'écoulent doucement au bord de l'eau et les glaces qui vous fondent sur les doigts, c'est les verres qui s'éternisent en terrasse et les retours ensommeillés dans la lumière rosoyante d'une aube doucereuse, c'est ce défilé de petits shorts en jean et le balais des robes qui dansent avec le vent, c'est se lever dans la chaleur d'un milieu d'après midi et faire l'amour dans la brise d'une fenêtre entrouverte.


Et puis ce qu'il y a de bien, avec ce sentiment de l'été, c'est qu'il revient tous les ans, avec son ciel bleu, sa douce chaleur et son gros soleil jaune, complètement identique mais tellement différent, parce qu'entre les deux, toute une année a défilée. Alors vous repensez à tout ces étés que vous avez déjà passés, à tous ces matchs et à tout ces tournois de foot, aux vacances au bords de la plage, au monde qui vous appartenait sous votre VTT rouillé, aux long week-end à la campagne chez vos grands-parents, aux batailles d'eau, aux cours de récrés, aux parcs, aux papillons, aux barbecues, aux festivals et puis même à la belle Julie, votre première amour de juillet, parce que l'été, c'est la mélancolie du temps qui passe.


Chez Mikhaël Hers, ce sentiment de l'été et cette mélancolie du temps qui passe, ils vous submergent dès ses première images intemporelles baignées de lumière, avec son format 16 mm et son grain de film de vacances tourné par votre tante Sylvie, si bien que sans quelques indices négligemment disséminés par-ci, par-là, un portable, un e-mail ou un t-shirt Los Pollos Hermanos, on pourrait aussi bien être en 2016 qu'en 1983.


Surtout, chez le réalisateur français, la mélancolie du temps qui passe s'accompagne d'une réflexion sur la manière de surmonter le deuil et puis même sur la façon de vivre de manière générale, parce que son sentiment de l'été, il commence par la mort. Une mort que devront surmonter Lawrence et Zoé, une mort qui vient dérégler les petits riens du quotidien, une mort qui vous bloque dans le passé et qui vous obscurcit l'avenir, une mort qui vous empêche de continuer à avancer.


Car pour Hers, il faut continuer à avancer, toujours, et c'est ce que Lawrence et Zoé vont prendre le temps de refaire, se remettre en route, en vagabondant paisiblement entre Berlin, Paris et New-York, et nous allons les retrouver, tous les étés, pour voir où ils en sont et ce qu'ils ont fait et regarder le temps passer avec eux, avec douceur et poésie, avec quelques passages répétitifs et d'autres un peu ennuyeux aussi, mais ce qui reste, c'est finalement un joli pincement au coeur.


Parce que l'été, c'est la mélancolie du temps qui passe et parce que ce sentiment d'été dans la grisaille d'un mois de février, il vous pèse dans le creux de l'estomac.

Clode
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le 20 févr. 2016

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Clode

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