La deRoute

''Céline et Julie vont en bateau'' – 1974 de Rivette est une déroute maquillée en liberté.

Amateurisme de la mise en scène, du jeu des actrices, du scénario qui ressemble à une pochade d'étudiants – Céline semble osciller entres sottise inculte et mythomanie, tandis que Julie vit dans un intérieur qui ne ressemble ni à son personnage sage ni à son activité de bibliothécaire – vite envoyée par dessus la jambe, il est vrai. Les séquences ''oniriques'' sont plaquées artificiellement à coups de bonbons acidulés censées évoquer quelque délire lysergique peut-être. Le spectateur n'en saura rien.

On s'ennuie à voir les deux filles improviser en se répétant. On s'ennuie à essayer de comprendre ce qui se trame avec de grands airs entre Pisier, Ogier et Schoeder dans ce pavillon dont l'intérieur évoque davantage la gène financière que la grande bourgeoisie. Une expérimentation ''nouvelle vague'' dont le spectateur fait les frais – n'importe quelle soirée arrosée entre amis peut dégénérer en ce genre de situations absurdes, décousues et au final plus embarrassantes que burlesques, et qui, filmées, n'intéresseront que les participants en état d'ébriété.

Nota : reste l'aspect documentaire sur les vêtements, les coiffures, les automobiles de l'époque, mais le catalogue de 3H30 est un peu long à avaler, et fait penser dans le décousu aux pavés que publiait La Redoute à l'âge d'or de la vente par correspondance.