Je viens de revoir en replay avec un grand plaisir ce mélodrame d'une grande valeur que j'avais noté de mémoire, et je conserve ma note, pourtant j'étais assez jeune quand je l'avais vu la première fois, mais revu aujourd'hui avec une plus grande faculté d'analyse, ça n'a pas bougé, mon appréciation première était bonne.
Vincente Minnelli est surtout connu pour ses "musicals" comme Brigadoon ou Tous en scène, mais il est aussi l'auteur de grands mélodrames, à une époque où c'était la mode à Hollywood, j'ose dire qu'ils peuvent s'aligner aux côtés de ceux de Douglas Sirk qui fut le maître dans ce genre. Avec des films comme Quinze jours ailleurs, Comme un torrent et surtout les Quatre cavaliers de l'apocalypse, Minnelli a livré quelques-uns des plus beaux mélodrames, dont Celui par qui le scandale arrive se classe parmi les plus puissants, les plus flamboyants et les plus hollywoodiens.
On peut croire les personnages schématiques, trouver les conventions du scénario bien trop mélodramatiques, mais en admirable directeur d'acteurs, Minnelli parvient à rendre ses héros vivants et attachants, un comble quand on voit les tensions entre les 4 personnages principaux dont le ressentiment se place au coeur de leur cellule familiale, même le personnage de gros propriétaire terrien coureur de jupons incarné par Mitchum. Avec ses fusils, ses trophées de chasse, ses chiens et ses fauteuils de cuir profonds, ce dernier offre un fascinant portrait de maître des lieux tout puissant à qui rien ne résiste, capable des pires erreurs et des pires lâchetés ; on ne peut pas dire qu'il soit sympathique, mais Mitchum, en monstre sacré qu'il était en 1960, lui donne une contenance indéniable.
A ses côtés, débutaient 2 beaux gosses qui occuperont un temps un emploi de jeune premier : George Peppard qui incarne un gars fruste et proche de la nature, et George Hamilton dans le rôle du fils de Mitchum, jeune homme à mi-chemin entre l'adolescence et l'âge adulte qui va prendre conscience d'un monde réaliste et brutal. Le drame naitra du choc de ces univers alors parallèles. La tension monte lentement mais sûrement, avec quelques pics, où Minnelli installe quelques scènes fortes.
Les décors et la couleur magnifient littéralement l'image : utilisé avec soin, le procédé Metrocolor contribue à souligner l'univers des personnages (notamment dans les scènes de chasse) et la description psychologique qui souvent prend le pas sur l'action, le tout étant embelli par la musique lyrique de Bronislau Kaper. Voici donc de bonnes raisons pour se laisser séduire par ce somptueux mélodrame familial, à l'ambiance lourde et parfois étouffante d'un style très minnellien.

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le 20 déc. 2019

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Ugly

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