Censor fût une bonne surprise, puisqu’il ne tombe pas dans le cliché des films d’horreurs classiques.

Le travail quotidien de Enid est de censurer les films d’horreur. Elle passe ses journée à passer au peigne fin des scènes de films macabres et choquantes pour choisir de les diffuser ou non. Enid ne ressent rien face à ces images, jusqu’à ce qu’elle soit accusée d’être responsable d’un meurtre commis par un spectateur d’un des films qu’elle a mal censurés. De l’autre côté, un producteur produit un film qui fait étrangement écho à un évènement de sa vie passée : la disparition de sa petite sœur lorsqu’elles étaient enfants.

Tout au long du film, le spectateur se pose deux questions : sa sœur a-t-elle été tuée ? serait-ce Enid l’auteure de ce crime ?

Il y a une chose omniprésente dans ce film : la couleur rouge et bleue, c’est-à-dire le mélange de tons chauds et froids. Dans presque tous les plans, plus ou moins subtilement, les tons rougeâtres et bleus étaient présents. Le rouge est la couleur de l’amour (amour qu’elle porte pour sa sœur). Le bleu symbolise le manque d’empathie, la froideur.

Selon moi, Enid a tué sa sœur. S’ils font écho à un autre meurtre ce n’est pas pour rien. C’est pour nous laisser un indice parce que cette affaire ne prend pas une place très importante dans l’intrigue principale. Un de ses collègues lui dit que le meurtrier ne se souvient de rien. Après réflexion, elle lui demande comment est-ce qu’il pourrait ne plus s’en souvenir. Il lui répond que quand un évènement est trop traumatisant, le cerveau l’efface. De plus, une étude montre que dans le cerveau des meurtriers, la zone responsable de l’empathie est plus petite que chez les personnes « normales », ils ne savent pas faire la différence entre le bien et le mal. On peut remarquer la même chose ici : comme je l’ai dit plus haut, Enid ne ressent aucune émotion lorsqu’elle regarde les scènes violentes. Elle n’en a d’ailleurs pas censuré parce qu’elle ne le jugeait pas utile, alors qu’elle aurait dû. Mais de son point de vue, ce n’était pas violent.

J’en suis venue à la conclusion que le bleu signifiait son absence d’empathie et sa « face cachée ». Mais comme elle n’est pas complètement psychopathe elle est quand même rongée par la culpabilité, ce qui expliquerait les tons chauds et le fait qu’elle ne se souvienne pas de son meurtre. De plus, elle est quand même bouleversée lorsqu’elle regarde le film inspirée (copié même) de l’histoire avec sa sœur. D’ailleurs, dans un plan nous voyons Enid de profil. Elle regarde les anciennes photos d’elle et sa sœur. Sur le mur sont projetées deux couleurs : le rouge est le bleu. Le rouge se trouve à gauche, c’est-à-dire du sens dans lequel elle regarde les photos. Le bleu est derrière elle, dans une partie un peu plus cachée.

De plus, elle tue deux ou trois autres personnes durant le film, ce qui est un assez gros indice…

Pour conclure, j’ai trouvé l’idée de la censure très intéressante et originale. Cependant, je trouve que l’intrigue secondaire (le meurtre de l’homme qui a regardé un des films qu’elle n’avait pas bien censuré) aurait dû être plus approfondie, voire prendre une place majeure, ce qui aurait pu être un très bon sujet. Ici cette intrigue aurait dû être soit vraiment plus présente soit beaucoup moins.

De plus, comme c’est un point de vue subjectif, le spectateur ne sait seulement ce qu’elle sait et ce dont elle se souvient. Le spectateur la suit également dans ses moments de paranoïa, scènes un peu trop « vagues » à mon goût parce que j’étais vraiment perdue par moment, même si je pense que c’est ce que doit ressentir le spectateur.

J’aime généralement beaucoup les films aux fins ouvertes, mais cette fin était un peu trop ouverte. On ne comprend pas grand-chose à la fin parce que beaucoup (trop) de choses se mélangent. Il y a beaucoup de choses qui n’ont pas vraiment de sens, on ne sait pas si elles sont réelles ou non et on ne sait plus où donner de la tête.

Globalement Censor est une très bonne découverte et c’est une bonne réalisation, même si certains points seraient peut-être à retravailler.

morganebrucker
6
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le 14 oct. 2022

Critique lue 6 fois

Morgane Brucker

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