La troisième génération d’Anges entre en scène


Son casting, sa bande annonce, Charlie’s Angels m’a convaincu. J’allais enfin voir un film d’espionnage pour filles où l’humour ne serait pas douteux, où l’action ne serait pas exagérée, où je n’aurai pas l’envie honteuse de coller deux torgnoles à ses trois personnages principaux. Pour une fois qu’un film d’action et d’espionnage apporte un vent de fraicheur au cinéma juste par le simple fait d’intégrer des femmes en tête d’affiche, je ne vais pas me priver.


J'ai pris plaisir à regarder ce Charlie’s Angels. Non pas parce que ça se bousculait dans mon caleçon en voyant ses jolies filles porter des vêtements fashion hyper cool mettant bien en valeur leur silhouette mais parce que notre trio de drôles de dames est attachant, parce que les scènes d'action collent plus à la réalité, que presque rien n'est exagéré, que ça ne virevolte pas dans tous les sens en utilisant excessivement des câbles, que les gadgets High Tech sont fun, que c’est vraiment drôle, et que je me retrouve enfin à regarder un film d'espionnage féminin soigné.


Dès le départ, Charlie’s Angels nous emmène à la redécouverte/ou découverte de son univers. Nous ne sommes pas en train de visionner un énième reboot. C’est une suite en lien avec la série et les films du début des années 2000. En somme, l’héritage des « Drôles de dames » accompagné de plein de références et clin d’œil sympathiques. Cet héritage n’égratignera pas son ainé. Au cours de ses premières minutes, nous apprenons que quelques années après « Charlie's Angels : Les Anges se déchaînent ! », l'agence Townsend est devenue internationale suite à une décision de Charlie, le grand patron de l’agence donnant l’ordre de missions aux Anges (le nom des agents). Pour celles et ceux ne connaissant pas l’univers, Charlie a la particularité de ne jamais avoir été montré physiquement. Désormais, l'agence compte plusieurs équipes d'Anges partout dans le monde, guidées par des Bosley dont la fonction équivaut à celle d’un lieutenant.


Passé après ses précisions, nous faisons la connaissance de la future équipe d’Anges dont nous suivrons la première mission. Elena (Naomi Scott) la nouvelle recrue toute timide et maladroite, Jane (Ella Balinska) la bad ass ancienne du MI6 dont j’ai mis du temps avant de m’y attacher, et Sabina (Kristen Stewart) la rebelle indépendante, sarcastique et simple d’esprit mais pas tout à fait. Dans leur planque digne d’une Bat-Cave en plus cosy, nos Anges sont cajolées par « Saint », la perfection masculine. Pro en arts martiaux, roi des bons petits plats Italiens, c’est un spécialiste de la santé et du bien être de nos drôles de dames. Il va vous faire rire ce Mr Parfait.


Entre les Charlie’s Angels de 2000 et celles de 2020, il a un fossé immense. Ici, nos héroïnes ont une personnalité et ne sont pas hyper sexualisées à l'inverse de leurs prédécesseurs, les premières minutes à l’ambiance feel good rappellent les vieilles séries, Kristen Stewart se lâche complètement et sort des vannes à mourir de rire, pas d’usage gourmand de fond vert/bleu, je valide à 100%. Charlie’s Angels commence plutôt bien, évite le piège de la superficialité des films d’aujourd’hui. Les dialogues, la mise en valeur de nos trois filles, les punchlines, tout a été construit de façon intelligente.


Certes, ce film n’est pas parfait. Il est clair que les chorégraphies sont simples, les scènes d'affrontements comportant pas mal de Krav Maga manquent de punch. Par contre les fusillades et la diversité des cascades, là il n’y a rien à reprocher. Personnellement sur ce point, je pense que nous nous sommes tellement habitué à la surenchère en regardant des films d'action que de passer à quelque chose de plus soft désoriente.


Vous le voyez venir le buzz inutile accompagnant la sortie d’un nouveau film d’action mettant des femmes sur le devant de la scène. Charlie’s Angels en a bavé au point de se ramasser au box office. Enième buzz n’ayant aucune raison d’être tant le message féministe a une argumentation rationnelle. Les choses se répètent encore et encore. Dur dur pour certains spectateurs de s’habituer à voir des femmes jouer autre chose que des célibataires désespérées en quête du grand amour. Si le peu de films d’action/Science fiction sont capables d'inspirer une jeune fille, leur prouver qu’elles sont tout autant capable de se débrouiller seules, sans assistance masculine, je dis banco. Sans compter que pour Charlie’s Angels, il n’y a non pas UNE héroïne mais TROIS ! Qui plus ait des héroïnes différentes, de physiques différents et venants de milieux différents. Trois héroïnes parlant camaraderie et le faisant bien.


Oui, pour Charlie’s Angels, il est vrai que le message féministe caché derrière certains passages a un effet à double tranchant. Tout se jouera sur notre ouverture d’esprit au sujet du « film d’action de femmes ». Ou nous percevons le message « maladroit » car nous avons pris tellement l’habitude de relier les films d’action aux hommes, que par conséquent, le message donnera presque la désagréable sensation qu’Elizabeth Banks veut se servir de son film composé de femmes pour humilier, casser du mâle suite à une ou des mauvaises expériences par le passé ( ?) ; ou nous accepterons le message car il colle au contexte.


Néanmoins, je reste objectif, les mecs en prennent pour leur grade et le groupe donnant enfin une opinion positive de la gente masculine est en nombre restreint. Le « Saint », un jeune scientifique échappant aux clichés habituels, un des Bosley qui hélas trépasse rapidement, et l’acteur Jonathan Tucker, juste pour le plaisir de le voir jouer les tueurs baraqué, tatoué, muet bourrin et au regard froid. Le reste, à la poubelle. Et profitez en pour y ajouter Sam Claflin dont la prestation met face à un cruel dilemme : dois-je rire du surjeu de cette sorte de Steve Job chochotte et au dialecte hippie ? Ou est-ce que justement, le rôle et la manière de jouer étaient voulus ? Seule Elizabeth Banks le sait.


Au final, Elizabeth Banks a soignée la mise en scène de son Charlie’s Angels. Du voyage, des rencontres, une bande son est cool, de bons rebondissements, des caméos surprises, et même si l'enjeu de l'histoire est franchement plat, que ça sent les scènes coupées, force est de constater qu'il y a un profond respect de l'univers des « Drôles de dames » inséré à notre époque. Rien d'innovant donc, juste un film divertissant pas pédant pour un sous, assurant un bon spectacle d’à peu près 2heures. Restez jusqu'à la fin, Elizabeth Banks a plein de petites scènes post générique pour vous et elles sont utiles.

Jay77
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le 21 avr. 2020

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Jay77

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