Ayant jeté un coup d'œil au scénario avant de le voir s'animer à travers corps et visages, j'aurais cru avoir affaire à une œuvre bateau, pathétique; par chance, rien de cela ne s'est produit.


Le principal personnage, un quarantenaire nommé Jonas (Grégory Montel) est en proie à une crise nostalgique liée aux invasives pensées que lui incombent les souvenirs de son ex copine, Léa (Anaïs Demoustier) mais qui s'avère être plus d'ordre existentiel. Le phénomène est suffisamment important pour que l'homme en vienne à mettre son travail entre parenthèses pour devenir, en certains moments, un stalker obsessionnel et inquiétant. Pour se libérer de ses troubles, le même Jonas décide de mettre les pieds dans une papeterie où il se munit d'un noir stylo ainsi que d'une trentaine de feuilles de papier avant de se poser dans un petit bistrot tenu par Mathieu (Grégory Gadebois) situé en contrebas de la fenêtre de la femme. C'est à partir de là où nous constaterons l'évolution de la lettre et du personnage, tous deux influencés par les événements de sa vie passée et présente aussi bien que par le rythme de Paris.


Le long-métrage auquel nous avons affaire ici est d'ordre relationnel, psychologique. À partir du moment où l'on sait qu'une grande partie du récit se base sur un sujet lié à l'écriture, il est déductible que le mot action (Celui-ci se limitera à des coups de sang provoqués par certains personnages) ne sera pas le leitmotiv de l'histoire. Les acteurs n'en font pas trop, ils jouent le plus simplement possible, leur justesse émotionnelle est significative et donc admirable.


Le Paris cinématographié ici est une capitale qu'on pourrait qualifier de mélancolique, il est étrange aux premiers abords de constater que personne ne possède de masque. Ce qui crée cette impression que la trame se situe dans un temps lointain qui ne coïncide plus avec la réalité actuelle.


La durée de l'histoire n'est ni trop longue ni trop courte, condenser au mieux en sorte. Ce qui a pour qualité de rendre le tout harmonieux et efficace. Le gros point fort demeurant dans les concours de circonstances. En effet, dans ce qui ressemble presque à un huis-clos, les rebondissements ne manquent pas et donnent au film un rythme certain qui empêche l'ensommeillement du spectateur.


Plaisant est-il que de voir des comédiens, pas forcément connus du grand public, faire vivre des âmes simples et authentiques propres à ce qui symbolise le quotidien de nos vies.
Dans "Chère Léa" tout est modeste. Ce qui n'empêche que la grandeur de l'œuvre se situe du côté du questionnement philosophique, englobant la problématique vécue par le personnage central du film que chaque individu, un temps soi peu qu'il soit lucide et conscient de sa condition et de ses états, est dans la possibilité de reconnaître.

Tarek437
6
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le 26 déc. 2021

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