Aah la France des "oubliés"...
Chien de la casse raconte l'histoire d'une amitié toxique entre deux glandeurs, l'un qui s'assume totalement mais qui a deux neurones, incapable de s'exprimer, de penser ou d'agir et l'autre qui refuse d'admettre que c'est un parasite mais qui ne se bouge pas pour autant (et qui se comporte méchamment avec son pote). Entre deux il y a une gonzesse qui ne sert à rien, une mère dépressive qui ne sert à rien non plus et vaguement un clébard qui va payer pour tout le monde alors qu'il a rien demandé, le pauvre.
Le film ne mène pas à grand chose, les acteurs jouent correctement sans non plus faire d'étincelles et je le dis et le redis, Raphaël Quesnard cabotine comme personne alors qu'il est au début de sa carrière. Il n'a qu'une manière de jouer, on a l'impression qu'il campe toujours le même personnage un peu voyou, révolté (cultivé aussi) qui dit ce qu'il pense mais qui est aussi complètement paumé voire délirant. C'est vraiment pénible de retrouver éternellement ce jeu, non dénué d'intérêt (comme le film) mais redondant. On dirait un film d'adulescent, un poil naïf, inutile, on pourrait croire que le réalisateur a fait un film sur son milieu ou qu'il trouve vraiment fascinant la vie de deux glandeurs. Personnellement je n'ai pas pu me projeter dans tant d'excès d'écriture, frôlant la caricature. Dog est vraiment un abruti congénital qui ne fait rien de sa vie alors que merde, il est pas trop moche, il a le permis et surtout, c'est pas un handicapé. Sa relation avec Elsa est dénuée de tout intérêt. Ils ne s'apportent rien mutuellement, pire, Dog lui donne l'impression d'être une lavette qui se laisse constamment humilié par son pote. Elsa va même prendre la défense de Dog et se fait rabaisser elle aussi comme une merde par Miralès, cet espèce de coq, qui n'a jamais eu de gonzesse, méchant en plus.
D'ailleurs Miralès semble à la fin du film le personnage central alors que tout le long, on suit plutôt Dog et toutes les intrigues tournent autour de ce personnage assez pathétique.
Mais par la suite on nous sort la carte de la mère dépressive de Miralès comme pour dire, non mais lui aussi, il souffre ou il a quelque chose à raconter. Alors déjà Dog et Miralès souffrent-t-il vraiment ? ou c'est encore une fois leur manque de courage ou d'intelligence qui leur font défaut ? Et puis l'histoire entre Miralès et sa mère est très vite expédié, en une séquence, où Miralès ne lui fait pas à manger un soir, comme pour lui dire de se bouger et elle répond "C'est pas grave, je vais pas manger" et Miralès qui lui dit "ok", terminé.
Bon je critique, je critique, mais le film est quand même bien réalisé, il y a de bonnes idées de plans, notamment la manière dont le réalisateur film les lieux, le village et la campagne paumés et puis même si on ne croit pas aux personnages principaux (Elsa non plus), il y a quand même cette authenticité dans la vie de village perdu.
On notera aussi une assez jolie photo. Et puis il y quelques trucs qui marchent dans cette histoire d'amitié, même si on veut baffer constamment les deux gars. Alchimie des acteurs, réelle trouvaille scénaristique, je ne saurais l'expliquer mais on y croit un peu. Surtout dans le côté très protecteur de Miralès qui par ce biais devient aussi très cruel avec son pote, voulant le sortir de ses gongs, mais ça a l'effet inverse. Finalement c'est l'amitié, l'amour fraternel qui prime. Il y a dans ce film une dimension minimaliste que j'aime bien, malgré tout ce qui m'énerve, mais qui marche malgré tout et c'est pour cela que je lui accorde la moyenne. Car économie de moyen sonne souvent avec justesse, du moins dans la forme.
Mais pour le reste..., après j'ai un apriori certain pour les films avec des mecs en survêt (les beaufs quoi) qui ne savent pas parler et qui zonent, squattent ou glandent (dealent à l'occasion), à longueur de journée. Donc un film sur ce sujet avec rien (ou si peu) qui rehausse le niveau ? Très peu pour moi. J'ose espérer que les mecs dans de telles situations, même les plus paumés, ont ce minimum d'intelligence, d'esprit critique, de curiosité, d'humilité, qui pousseraient les autres à vouloir les fréquenter, voire à les changer. Car pour moi, ces deux irrécupérables que sont Dog et Miralès ne méritent pas qu'on s'y intéresse et qu'on les élève. L'un trop méchant et trop fier et l'autre trop bête et trop faible.
Bref, de gros soucis d'écriture, des personnages caricaturaux, excessifs, alourdissent le film qui heureusement ne s'éternise pas. Le réalisateur a du potentiel mais doit encore gagner en maturité.
Par contre qu'on ne vienne pas me dire que c'est subtil, je dirais plutôt que ce film est sincère et vient du coeur. C'est déjà une grande qualité.