Je m'attendais à un énième reboot raté en mode kikoulol facile proche de Annabelle, mais je dois dire que ce reboot (au moins le 2e ou le 3e de la série Chucky) est la meilleure chose qui soit arrivé à la franchise Child's Play - oui, monsieur !
Tout simplement que, alors que la trilogie originale mettait en scène un tueur utilisant la magie vaudou pour mettre son âme dans une poupée (pour ensuite multiplier les ringardises et les incohérences les plus flagrantes), ce reboot décide de faire de Chucky une vraie poupée hyperconnectée devenue psychopathe à cause de son entourage lui-même détraqué (Andy et sa famille).
Toutefois, je dois soulever quelques mauvais point de ce film ;
La Poupée du mal, sous-titre pompeux pour un énième reboot de l'enfer ?
- Comme je le disais, exit le tueur le plus incompétent du monde avec
de la magie vaudou qui ne respecte pas ses propres principes, et
bonjour la poupée buguée en mode #ÇaTourneMal qui semble faite pour
plaire aux fans de Fortnite.
Si Chucky devient une poupée tueuse à la base, c'est parce qu'elle a été délibérément trafiqué par un informaticien vietnamien énervé contre son employeur qui sous-traite pour Kaslan (la société qui produit Buddi, la poupée du film) et maltraite ses employés. Si on comprend que le but est de dénoncer la sous-traitance et les patrons connards, et que l'informaticien voulait faire couler sa boîte pour se venger, on pourrait résumer le film en "OMG, c'est la faute aux Vietnamiens !! oh non arrêtez les flashbacks sur la Guerre au Vietnam !"
- Encore quelques logiques peu compréhensibles, mais plus pardonnables
que dans les films originaux et le reboot de 2013-2017 → exemple :
pourquoi offrir une poupée à des gosses de 12-13 ans alors qu'ils devraient logiquement être plus dans le mobile ou le jeu console ?
Heureusement, ce problème disparaît vite fait car "Buddi" devient
plus une sorte d'animal de compagnie.
- Autre exemple : À la fin, ils se débarrassent de Chucky un peu trop
facilement (malgré toutes les difficultés qu'ils ont eu à le choper)
et la mère d'Andy n'est "active" qu'à ce moment-là (mais c'est heureusement tournée et écrit de façon moins embarrassante).
- Et la scène la plus "stupide" est due à un malentendu et n'a pas de
grande incidence :
Suite à un malentendu, Chucky tue l'amant de Karen (la mère d'Andy). Andy doit donc cacher le visage scalpé du mec sur une citrouille dans du papier-cadeau... Sauf que sa mère voit le "cadeau", demande pour qui c'est, et Andy dit que c'est... pour Doreen, la mère du policier qui vit dans leur immeuble - mère qu'il ne connaît pas. Du coup, Doreen se retrouve avec une pastèque comme "cadeau d'anniversaire" qu'elle n'ouvrira heureusement jamais car Andy arrive à le reprendre pour le mettre dans le vide-ordures. C'était pas une scène très utile, mais ça va encore...
Sur ce, passons aux bons points de ce film qui s'est avéré une excellente surprise :
Enfin un film Chucky dans le vent et qui a du sens !
- Années 2010 oblige, forcément que ce reboot de Child's Play allait
parler des portables et de l'hyper-connectivité de la vie moderne :
la société fait les poupées et applications Buddi qui enregistrent et
apprennent pour mieux interagir avec les technologies et humains et
c'est exactement ce que Chucky fait.
- La différence est que, en plus d'être volontairement bugué, Chucky
est en compagnie d'un Andy sourd et méprisé violemment par son chat
et son "beau-père". Et comme Chucky est programmé pour être
littéralement le "meilleur ami" d'Andy, forcément que ça tourne en
meurtres hyper-protecteurs et non en ♫You're my Best
Friend♫.
- Le concept de Vallée dérangeante (la machine qui effraie quand elle
essaie d'imiter l'humain) est plutôt pas mal dans ce reboot :
Chucky a une tronche encore plus creepy que dans les films précédents
car son visage n'est pas conçu pour être si expressif. Les moindres
rictus et yeux rouges mettent mal à l'aise et c'est bien.
- Au lieu de vouloir tuer Andy, Chucky veut le protéger contre tout et
tout le monde à mort. Il faut dire qu'il s'y est attaché et qu'il a
permis à Andy de vaincre sa solitude et son anxiété d'ado. Ce qui
rend ces phrases plutôt logiques et effrayantes :
Je suis ton meilleur ami, Andy. Tu te souviens ?
ou
Amis jusqu'à la fin.
- Pour un film interdit au moins de 12 ans, Child's Play est assez
sanguinolent et vulgaire (l'inverse de films d'horreur PG13
américains habituels, trop prudes en comparaison) :
On a un type tué à coups de tondeuse à gazon, un à coup de scie circulaire, des égorgés et les ados du film regarde des extraits gores de Massacre à la Tronçonneuse 2.
Y aussi des morts moins gores et moins sanglantes mais néanmoins tout aussi significatives :
Doreen est tuée à bord d'une voiture automatisée Kaslan Kars sans conducteur, contrôlé par un Chucky avec un doigt lumineux comme dans E.T. Ce qui fait que Doreen a été tuée... par un Kaslan Kar Krash ! Encore une femme innocente tuée par le KKK...
- Ensuite, le reboot reprend correctement l'intrigue du 1er film dans lequel Andy était soupçonné d'être maboul et d'être le vrai tueur
derrière Chucky (faut dire que l'ado du reboot joue mieux que
l'enfant de l'original et que Chucky s'immisce partout, y compris
dans des écrans où il montre des images et vidéos compromettant Andy
qui a lui-même des accès de rage).
- Enfin, c'est Mark Hamill qui double Chucky dans la V.O. et il sait
avoir une voix terrifiante même quand il chante Friends 'Til the
End. Raison de plus d'aller voir le film d'autant que le doublage
français fait lui-aussi du bon travail.
Bref, un des meilleurs reboot des années 2010, un qui n'est ni inutile comme le reboot Amazing Spider-Man avec Andrew Garfield, ni rendu bêtement tout public et pas effrayant comme Poltergeist (2015) ou faussement progressiste et incohérent comme Ghostbusters (2016).