Jean Stelli tourne une fiction singulière dans le giron du Tour de France 1948, dont il utilise de nombreuses images d'actualités qui sont de nature à donner une apparence réaliste au film...Sauf que, conjointement, le scénario de Stelli ne l'est absolument pas et que le film frôle parfois le nanar.
Stelli met en scène, dans les coulisses du Tour, quelques psychodrames sommaires autour de la course et des coureurs (Robert Berri maillot jaune !) ; le scénario imagine des figures du Tour assez gratinées, tels cette journaliste "hommasse" de l'Equipe (Suzanne Dehelly), femme de tempérament surnommée la Colonelle, ou bien le directeur sportif de l'équipe de France (René Dary) qui doit composer avec des égos et des équipiers caractériels (pas une belle promo de nos sportifs français !). Et puis, toute de même, le Tour 48 est endeuillée étrangement...
Je ne sais pas si les fans de vélo y trouvent leur compte, mais les amateurs de cinéma policier et de suspense vont passer un sale moment ! A moins d'en rire. Déjà l'apparition du commissaire désinvolte joué par Jean Brochard indique bien que l'enquête qui s'annonce ne peut pas être prise au sérieux.
Au long des étapes, l'intrigue, devenue exclusivement criminelle et policière, prend une dimension lunaire et le réalisateur semble la traiter tantôt avec dérision, tantôt gravement. Cet entre-deux est assez curieux. La puérilité de la mise en scène et des personnages relève du roman de la Bibliothèque Verte. Pour finir, dans le genre comique involontaire, le dénouement et la découverte du coupable ne déçoivent pas !
A noter que Jean Stelli avait réalisé en 1940 "Pour le maillot jaune".