Best-seller avec ses centaines de millions d'exemplaires écoulés, Sam Taylor-Johnson, femme de Aaron aka Kick-Ass, s'attelle à cette tâche aux responsabilités ô combien monstrueuses à l'égard des fans de la trilogie littéraire de E.L. James et dont cette adaptation cinématographique aura fait coulé beaucoup d'encre durant ces dernières années.
Pour ceux qui n'auraient pas connaissance de cette saga érotique, il s'agit de la rencontre d'une étudiante vierge de 22 ans du nom d'Anastasia Steele et d'un jeune entrepreneur mondialement connu, Christian Grey, mais aussi grand amateur de femmes, qui a ainsi tout pour plaire, que ce soit du physique ou de sa situation financière. Mais ce ne serait sans compter la personnalité teintée d'une folie particulière, à savoir des pratiques sado-masochistes notamment, qui se cache derrière ce richissime et brillant homme.

Si le roman avait pu étonner ou exciter de nombreuses personnes de par son illimité imaginative, transposer tout cela à l'écran aurait été un défi impossible pour pouvoir rentabiliser le tout (Hollywood et l'argent c'est une longue histoire d'amour qui ne se terminera jamais). Et cela passe forcément par quelque chose de moins sulfureux que le roman, histoire d'attirer un public un peu plus large, même si le film est interdit au moins de 17 ans aux États-Unis.
Et en soit, les scénaristes limitent grandement la catastrophe annoncée en mêlant l'histoire de quelques scènes de sexe obligées à un humour particulièrement plaisant. En effet, pour combler les lacunes sexuelles dont souffre le film par rapport au roman, celui-ci s'offre quelques tranches de situations comiques mais toujours orienté vers un aspect sexuel, rendant la première partie du film plus plaisante et plus légère que ce que l'on aurait pu penser.
Ajoutez à cela une réalisation pas trop mauvaise, assez léchée, rendant alors l'univers parfaitement crédible à l'égard des personnages. Aspect aussi original que troublant dans la réalisation, l'action du film ne se déroule que dans peu de lieux différents permettant alors aux spectateurs de ne pas perdre le fil de l'histoire mais cela fait aussi plus office de présentation de série télévisée ou théâtrale que d'œuvre cinématographique pure.

Passé ce côté plutôt positif, on retrouve les grosses facilités du scénario ainsi que les innombrables clichés du genre. On a alors droit à de nombreux et fabuleux plans de mordillements de lèvres de la part de Dakota Johnson, le cliché du milliardaire qui sait tout faire et pleins d'autres du même genre tous rabâchés à longueur de temps. Des choses déjà vues qui constituent alors un gros point négatif pour le film.
Les personnages ne sont pas non plus assez développés, les réduisant aussi quelque peu à l'état de cliché, la faute à un scénario plutôt pauvre mais aussi à l'interprétation un peu miséreuse de ses acteurs. En effet, le charme et le charisme du grand Christian Grey n'opère pas, la faute à un Jamie Dornan pas assez convaincant, se contentant de faire la moue lorsqu'il doit se montrer en homme torturé par ses envies. Dakota Johnson est cependant plus convaincante que son homologue même si elle ne dégage rien d'exceptionnel dans son jeu.
Et quand est-il des scènes de sexe alors ? Et bien même si elles sont bien réalisées, elles restent un peu froides de par un manque d'alchimie à l'écran, même si cela ne se remarque pas tellement. Et même si elles constituent un soit disant moteur essentiel pour le film, on est plus intrigué par la relation qu'entretiennent les deux protagonistes que par celles-ci. À noter aussi un doublage en version française des plus catastrophiques détruisant ainsi le peu de crédibilité du jeu des acteurs.

Au final, même s'il présente des défauts évidents et très présents, Cinquante Nuances De Grey se laisse regarder gentiment, de préférence accompagné, et ce que l'on pensait de pire n'est finalement pas parvenu grâce à une intrigue certes très simpliste mais pour le moins divertissante. Le cahier des charges est donc rempli, n'en déplaisent aux puristes.
Lucas_Perrier
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le 18 févr. 2015

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