Çirkin Dünya est un film turc de 1974 avec un concept de home invasion comme il en existait pas mal à cette époque. Le film sera exploité sous divers titres à travers le monde et sortira notamment en Italie en renommant tout le casting et sous le titre de La Gang Dell'arancia Meccanica en référence au film culte de Kubrick et aux USA en vidéo sous celui de Last House in Istanbul histoire de faire une parenté avec le film de Wes Craven. Des références un peu lourdes à porter pour le film de Osman F Seden qui s'appuie sur une violence plus psychologique que graphique avec ce home invasion souvent très maladroit, bien trop sage mais au final assez oppressant.


Çirkin Dünya nous raconte donc l'histoire de trois truands en cavale avec pour chef de meute un criminel surnommé Le Scorpion. Afin d'échapper à la police les trois fugitifs s'introduisent dans la luxueuse maison d'un médecin qui y vit avec sa femme et son fils. Les truands décident de s'y planquer pour le week-end et attendre lundi pour que le médecin puisse se rendre à la banque afin de leur retirer de l'argent. Quelques jours de vive tension commence alors pour cette famille.


Les premières minutes de Çirkin Dünya sont assez chaotiques, les trois truands agressent un couple en pleine nuit, fuient face à l'arrivée de la police et se retrouvent immédiatement à investir la maison de leurs futurs otages ; le tout en moins de cinq minutes chrono. Ensuite le film va trouver son petit rythme de croisière avec l'occupation de la maison et la pression psychologique constante faites sur ce couple et leur enfant. Inutile d'espérer une grande violence physique ou un érotisme tordu, le film reste très mesuré et sage dans son registre de home invasion, surtout que l'on a connu bien plus démonstratif en Italie ou aux USA. Même si la tension sexuel et physique reste palpable Çirkin Dünya reste relativement sage durant la majeure partie du film. Le chef de cette bande de truand ressemble à un homme d'affaire charmeur et manipulateur au sourire carnassier, quant à ses deux sbires ils s'avèrent être bien trop chargés et caricaturaux pour ne pas prêter à sourire. L'un d'eux est une sorte d'adolescent un peu attardé qui passe son temps à ricaner comme un débile ou faire le singe en grimaçant, tandis que l'autre est un moustachu ténébreux tout sec plus sur la réserve. Alors bien sûr des individus violents qui font potentiellement n'importe quoi peuvent être inquiétants mais les voir faire mumuse avec les jouets du gamin ou se travestir hilares en se mettant une culotte ou un soutien gorges de madame sur la tête prête plus à rire qu'à angoisser. Là ou le film se fait plus sombre et perturbant c'est dans le traitement du pauvre gamin interprété par Murat Koçyigit qui ne devait guère avoir plus de sept ans lors du tournage et qui se fait copieusement malmené notamment lors d'une tentative de noyade ou on le voit être plongé à multiple reprise dans une piscine et visiblement sans doublure ni trucage. Le pauvre gosse est également envoyé au charbon par son père pour tenter de récupérer l'arme d'un des truands assoupi ou il se retrouve coller dans un sac de voyage lors d'une tentative d'évasion.


Il faudra vraiment attendre la toute fin du film pour le voir prendre une tournure bien plus oppressante et dramatique car jusque là c'est plus dans un ennui poli que nous enferme Osman F Seden tant il ne se passe objectivement pas grand chose à l'écran. La mécanique implacable d'événements dramatiques vont alors pousser cette jeune mère, très justement interprétée par Hülya Koçyigit, vers la folie, le désespoir et la vengeance. Et c'est donc sur une note très sombre et négative, et donc positive que s'achève Çirkin Dünya.


Très clairement en dessous du niveau de violence et de noirceur de ses illustres modèles, Çirkin Dünya reste un home invasion que je qualifierais d’exotique et une proposition originale à défaut d'être pleinement convaincante.

freddyK
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le 3 mai 2023

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