Nous sommes en pleines années 80, et on sent qu’il y a un problème avec les gosses. Des comportements violents adolescents apparaissent depuis les années 50, l’avènement de la culture rock et punk semble se poursuivre… En bref, on sent un déphasage qu’on va illustrer dans des films, histoire de forcer un peu le trait et d’interpeller sur ces problèmes générationnels.


Je dois avouer qu’à la base, j’ai cherché ce film en croyant qu’il s’agissait d’un Troma tant les costumes et les lieux de tournages me faisaient penser aux habitudes de la firme. Et pourtant, il s’agit d’un drame on ne peut plus sérieux, qui n’a pas dû coûter beaucoup et qui se révèle un peu plus fin qu’il en a l’air. Pour ce qui est du postulat, c’est simple. On découvre avec l’arrivée d’un nouveau professeur un collège difficile, qui est devenu un vrai squat. Les élèves taguent sur tous les murs, ils sont fouillés à l’entrée (visionnaire, le coup des détecteurs de métaux), beaucoup portent une mode vestimentaire punk et ils sont particulièrement violents. On a droit aussi à quelques excès de prise de drogue et de prostitution (pour payer la drogue), histoire d'en rajouter une couche sur la perversité de ces jeunes et faire un peu de provoc. Car il est indéniable que Class of 1984 cherche à provoquer, un peu comme Orange mécanique en son temps (à la différence près qu'il ne basculait pas dans le nanar, lui). Ainsi, l’attitude provocante de certains adolescents de la classe agace rapidement le spectateur, mais on découvre au fur et à mesure qu’ils adoptent sciemment cette conduite (le chef de bande est par exemple très doué dans toutes les matières scolaires, mais il préfère faire la caïra, ça paye mieux et les autres te craignent, et défier l'autorité est un jeu passionnant... La plus grande partie du film tient à montrer l’impuissance des professeurs en face de tels phénomènes, en ayant tendance à les martyriser (ils sont incapables de faire punir les élèves dissidents, et ces derniers se révèlent rarement dociles). A ce titre, on notera dans le rôle des victimes l’apparition d’un Michael J. Fox encore tout jeune à l’époque (et tenant plus du père de Marty Mcfly ici). Nous avons donc un jeu d’escalade de violence qui va aller dans le sens des jeunes pendant une heure (la police ne peut rien faire, les jeunes gloussent et continuent de se livrer à la violence gratuite) avant que le prof ne commence à rendre un peu les coups. Toujours est-il que le résultat, bien que cheap, est très amusant, fonctionnel et aussi salvateur (les mécanismes que le film décrit sont réalistes et leur utilisation à double tranchant les rend jubilatoires). La mise en scène outrancière (ce qui ne l’empêche pas parfois de marquer juste : le pétage de câble du prof de bio est à ce titre touchant) a tendance à souligner l’aspect provoc, mais elle ajoute le charme des années 80 (jusque dans la bande son qui utilise Alice Cooper comme fer de lance d’une jeunesse débridée), et surtout dans sa portée politique, qui marque clairement les dérives et les camps qui se forment, avec notamment ce réflexe sécuritaire de droite qui arrive au galop. Les 15 dernières minutes tiennent du survival intense, c’est Pekinpah chez les collégiens avec un prof qui n’hésite pas à aller jusqu’au bout. Aussi le film sera toujours manichéen : le dernier « coup tordu » de notre chef de bande est clairement là pour le condamner à mort, mais en l’étant, la question qu’il pose est pertinente, d’autant plus aujourd’hui que les problèmes existe toujours concernant le traitement de la violence en milieu scolaire. Un drame burné qui souhaite aller jusqu’au bout et qui ne prend pas de gants pour cela (on a du gore et un nu intégral pendant une séquence). Les années 80 entament un peu son sérieux, mais en l’état, il reste assez énervé sur son sujet pour qu’on le trouve passionnant.

Voracinéphile
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le 4 déc. 2015

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