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C limax n'est pas sans rappeler le fabuleux Huis Clos de Jean-Paul Sartre, à savoir : l'enfer c'est les Autres. Pourtant, tout commence très bien sur fond de patriotisme français, avec notre drapeau bleu-blanc-rouge érigé en toile de fond. La France de Climax est marquée par son multiculturalisme, qui se retrouve jusque dans les danses (voguing, krump…). Car oui, Climax, c’est avant tout un spectacle de danse, une représentation des corps, qui se meuvent et nous émeuvent tout à la fois. En choisissant des danseurs et non des acteurs, Gaspar Noé nous livre un show visuel transcendant. Et bien entendu, qui dit danse dit musique. Dans un répertoire électro/techno, passant de Daft Punk à Patrick Hernandez (oui oui), Gaspar Noé nous dépeint finalement un univers chaotique.


L a première partie du film est plutôt joyeuse. On retrouve cette troupe de danseurs, répétant et faisant la fête une dernière fois avant de s’envoler pour les Etats-Unis. J’ai particulièrement apprécié l’authenticité des dialogues et des chorégraphies, sublimant les corps gracieux des acteurs. La caméra, qui jongle de conversations en conversations donne du dynamisme au film et ne s’éternise pas sur des plans et des échanges trop longs. Durant ce début de fête, tout le monde danse, discute, fume une cigarette et boit de cette fameuse sangria.


I ngérer de la sangria c’est une chose. Mais ingérer involontairement de la drogue, en même temps que de se bourrer la gueule à la sangria, c’en est une autre. Petit à petit, les danseurs tous drogués (ou presque), sombrent dans les abîmes de l’enfer. La lumière, la danse et la musique nourrissent cette atmosphère angoissante, assourdissante, pesante. Les corps se distordent dans tous les sens, les « boom-boom » répétés accélèrent notre rythme cardiaque. On suffoquerait presque ! La caméra qui bouge dans tous les sens, sous tous les plans, rend le décor complètement instable et psychédélique. J’en avais presque la Nausée (tiens encore Sartre), la forte impression de m’être, moi aussi, fait drogué. La deuxième partie du film, tournée pratiquement en plan séquence ne nous donne aucun moment de répit. À la fin on se sent lessivé et en même temps quelle claque !


M aître du temps, Gaspar Noé – avec toute l’intensité dégagée dans Climax - nous donne le sentiment d’y être resté des heures et après 1h35 de film, il me faut le même temps pour m'en remettre. Et puis, je me plonge dans un climat réflexif : « Vivre est une impossibilité collective » ? « L’homme est un loup pour l’homme » nous dirait Hobbes. Je ne suis pas vraiment d’accord avec le réalisateur. Climax montre la déchéance humaine comme quelque chose d’inéluctable, comme si nous ne pouvions vivre ensemble. Pourtant, il me semble que nous sommes avant tout des êtres sociaux, ayant besoin du regard de l’Autre pour exister. Et c’est ce même regard, altéré par la drogue, qui fait finalement obstacle au vivre ensemble. Pas de place pour le pardon, le groupe punit celui qui ne boit pas, celui qui ne rentre pas dans les normes pour tenter de rétablir l’ordre social déjà défaillant.


A vant de conclure, je ne pouvais pas passer à côté de cette dernière citation : « Mourir est une expérience extraordinaire ». Alors oui, placée à la fin du film, cette mention fait un peu ado tiraillé, mal dans sa peau, qui a envie de se tailler les veines pour se sentir « exister ». Mais - a contrario de ceux qui ont détesté le film parce qu’il bascule littéralement dans le vice et l’enfer - j’ai plutôt apprécié cette expérience de mort « imminente ». J’ai même ressenti une forme d’exaltation, d’adrénaline dans cette déchéance, comme si cette escapade visuelle et auditive me faisait vivre un moment sous substances. Mourir n’est pas si terrible finalement.


X nihilo nihil fit, et pourtant nous venons tous du néant.

Makeksimu
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le 10 avr. 2020

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Makeksimu

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