Les cases, voilà un problème qui handicape le cinéma. Il faut tout ranger, classer, étiqueter, comme s’il fallait se plier à une volonté supérieure. Clip va à l’encontre de tout cela, dépeignant une jeunesse serbe, ou plus précisément ce qu’est être une adolescente serbe, où le sexe est un moyen de se distinguer, surtout chez les classes moyennes. Il ne faudra donc pas être surpris de voir la jeune demoiselle faire une fellation en gros plan, chose à savoir avant d’acheter un billet. On serait presque par moment tentés de qualifier le tout de soft-porn ou d’érotique, car avouons-le voir la jeune femme se filmer sous toutes les coutures avec son mobile à de quoi dégeler l’Antarctique, avant que l’ensemble devienne de plus en plus glauque, poussant au malaise le spectateur au même rythme qu’elle picole et vomit. Une vision crue et acerbe, où l’exploration de la sexualité est à des années lumières du jovial Turn me on et irait plutôt dans le sens de Rêves Volés. Certains lui reprocheront un voyeurisme ainsi qu’un laïus aussi crétin que 8MM: on condamne quelque chose alors qu’on le surexpose. Sauf qu’ici il n’est pas question de condamnation mais de portrait, ce qui change totalement la donne et légitimise, d’une certaine manière, cette profusion de sexe. Autre preuve du portrait, cette note finale, absurde, renvoyant au proverbe « qui aime bien châtie bien » — exit toute morale ou logique.
On regrette néanmoins l’utilisation extrêmement cliché d’un proche mourant. L’héroïne se désintéresse de son père qui s’éteint, et cette fausse note vient brouiller l’essai, écrivant bêtement « ELLE SE PLONGE DANS LE CUL POUR OUBLIER LA REALITE ». Une excuse qui fait que l’on s’y perd un peu et que l’on ne sait plus si c’est le comportement normal d’une adolescente serbe ou si elle sombre tout simplement dans la dépression.
Clip est un bon film, pas exempt d’erreurs, et son succès repose avant-tout sur l’interprétation de Isidora Simijonovic, ainsi que sur sa photo soignée. Il est en un sens indispensable, mais l’on aurait aimé qu’il simplifie un peu moins les choses, surtout lorsque le public visé est évidemment majeur.
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le 27 mars 2013

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