Scott Adkins est depuis quelques années le roi du DTV d’action bien bourrin. C’est simple, depuis la fin des années 2000, il enchaine pas moins de 3 ou 4 péloches par an. On est souvent loin de chefs d’œuvres, mais quand on se lance dans un Scott Adkins, on a toujours la certitude que ça va au moins bastonner un minimum. Dans Close Range, c’est une fois de plus Isaac Florentine qui le dirige. « Une fois de plus » car le duo a déjà tourné pas moins de 6 fois ensemble : Ninja 1 et 2, Un Seul Deviendra Invincible 3 et 4, Special Forces, le tout récent Seized, et donc le Close Range qui nous intéresse ici. Alors il est certain que Florentine n’est pas le meilleur réalisateur du monde, bien au contraire. Mais par contre, pour filmer des scènes d’action, et plus particulièrement des combats, il n’a pas d’égal dans le milieu de la série B ricaine. Du coup, lorsqu’il est associé à un artiste martial aussi doué que Scott Adkins, ça peut rapidement faire des étincelles. Le problème, c’est quand les combats, aussi biens soient-ils, n’arrivent pas à compenser le reste du film ; et avec Close Range, on est dans le vide sidéral…


La première scène du film avait de quoi nous mettre en confiance. Scott Adkins arrive dans un immeuble, défouraille deux mecs vite fait avec un couteau dans un ascenseur, puis s’en suit une baston du plus bel effet entièrement en plan séquence, très bien chorégraphiée, filmée au plus près de l’action mais toujours lisible. Là, on est bien installé dans son fauteuil, et on savoure l’instant. Et puis après, c’est le drame. On nous présente le scénario qui tient tout au plus sur un post-it, vu et revu des dizaines et dizaines de fois. C’est vide, extrêmement convenu, avec le coup classique de l’ancien soldat (parce qu’il faut bien justifier qu’il soit super fort) qui va devoir protéger les siens de méchants vraiment très méchants. Tout est extrêmement prévisible, le film enchaine cliché sur cliché, avec des acteurs qui font le strict minimum (même encore moins), souvent à côté de la plaque, balançant des dialogues sans aucun intérêt. Pour l’amour de la blague, j’ai tenté de passer le film 1 ou 2 minutes en VF, histoire de rigoler un peu. Et là, j’ai cru saigner des oreilles. Je suis retourné 30 ans en arrière, avec un festival d’accents mexicains absolument dégueulasses, digne d’un Michel Leeb à son heure de gloire. « Yé sé ké tou é là », « yé détesté lé gringos, yé bé lé touerrr » … des doubleurs en totale roue libre ; je n’ai eu d’autre choix que de repasser en VO quand du sang a commencé à couler de mes oreilles. Bref. C’est mou, c’est plat, les dialogues sont très plan-plan, et seul Scott Adkins semble un minimum intéressé par ce qu’il raconte, même s’il est monolithique du début à la fin. L’aspect très téléfilm n’aide pas le film à s’élever et punaise, heureusement que les scènes d’action sont là pour nous empêcher de tomber dans une léthargie totale.


Les gunfights vont du bof au correct. Florentine essaie de se la jouer parfois ciné HK avec des clins d’œil à peine déguisés au cinéma de John Woo période Heroic Bloodshed, mais en version du pauvre. Là aussi on est souvent trop plan-plan, avec des mecs qui vident des chargeurs d’un côté, les autres qui leur répondent, mais personne ne se touche pendant 5 minutes. Il faut avouer que c’est un peu terne, monotone même, mais avec des sursauts lorsque Adkins entre en jeu, flingue à la fin, et canarde tout ce qui bouge. Mais là où le film s’en sort avec les honneurs, c’est sur les affrontements martiaux. Les combats sont bien chorégraphiés, bien mis en scène afin qu’ils restent lisibles. Florentine aime (et pratique) les arts martiaux, Adkins aussi, et leur collaboration est très bonne. C’est rapide, nerveux, le réalisateur s’éclate à faire des longs plans sans coupe, des plans séquences, des plans larges, … C’est fréquent de voir les combattants enchainer 15/20 coups sans l’ombre d’une coupe. Adkins cogne dur, il nous démontre une fois de plus qu’il est monstrueux martialement parlant, et les Mexicains en prennent plein la gueule. Petit problème, il n’y a jamais d’adversaire à sa taille, que du sbire lambda qui se fait déboiter à la chaine, alors qu’on aurait aimé voir cette longue scène d’action finale de 20/25 minutes d’action quasi non-stop se terminer sur un combat épique. Non, là le réalisateur essaie de ponctuer son film à la manière d’un western spaghetti, façon Sergio Leone, sauf que ça en devient ridicule tant c’est interminable. Pour l’ambiance, on est plus proche du Rebelle ou de Walker Texas Ranger que de Et Pour Quelques Dollars de Plus.


Cette cinquième collaboration entre l’anglais Scott Adkins et le réalisateur israélien Isaac Florentine fait clairement partie du fond du panier de la filmographie de l’acteur martial british. Close Range est un film d’action très bas du front que ses bons combats sauvent de justesse de l’étron total.


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cherycok
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le 18 déc. 2020

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