Quand j'ai vu Cloud Atlas la première fois, j'ai apprécié l'expérience, mais en ai surtout retenu ses nombreux défauts : des maquillages approximatifs (les vieux) ou ridicules (les changements d'ethnicité, Halle Berry avec un anus au milieu du front) qui me sortaient souvent du film, quelques arcs un peu faibles, des méchants cartoonesques peu crédibles et surjoués (Hugo Weaving en tête) et un casting qui souffle le chaud et le froid, avec un mélange de bon (Bae Doona, Hugh Grant vieillissant), de médiocre (Halle Berry), et de Hugo qui refait l'agent Smith.
En le revoyant aujourd'hui, j'ai retrouvé tous ces problèmes, mais je fus aussi bien plus sensible à ses nombreuses qualités :
■ L'ambition démesurée, presque absurde, du projet, qui nous raconte de nombreuses histoires en parallèles, dispersées entre plusieurs siècles.
■ La fluidité du récit qui passe sans cesse d'une époque à l'autre avec des transitions très étudiées. Que ce soit thématiquement, scénaristiquement, ou dans la continuité de l'image ou du mouvement, les plans s'enchaînent avec une grâce étonnante. Tout semble s’enchaîner avec une parfaite logique, alors qu’il aurait été facile d’en faire un bordel indigeste et incompréhensible.
■ L'énergie remarquable de cette histoire multigénérationnelle racontée en trois heures que je n'ai pas vu passer, sur le thème pourtant résolument casse-gueule.
■ La qualité de la mise en scène, dans les moments intimes ou les scènes les plus spectaculaires, des séquences d'actions toujours lisibles et quelques effets de style tape à l'oeil, mais indéniablement maîtrisés.
■ La beauté des nombreuses reconstitutions et extrapolations historiques, du 19e siècle aux années 70, en passant par les panoramas extravagantes d'un Neo-Seoul aux allures de Cyberpunk.
Ce n'est clairement pas parfait, mais ça n'en reste pas moins une oeuvre unique, haletante et généreuse, et le dernier bon film des Wachowskis avant le décevant Jupiter Ascending et le méta-sabotage de Matrix Resurrections.