"Cloud Atlas" est un film sorti en 2012, réalisé par Andy et Lana Wachowski et Tom Tykwer ; il est l'adaptation du best-seller éponyme de l’auteur britannique David Mitchell, publié en France en 2004 sous le titre "Cartographie des nuages".
Cloud Atlas raconte le destin croisé de plusieurs personnages à travers six époques différentes, en fabriquant un formidable kaléidoscope de péripéties truffées de liens entre les personnages. Ce film aborde la problématique fondamentale qu’est l’effet papillon, c'est-à-dire la remise en place de l’individu dans un contexte plus global : même la plus insignifiante de nos actions aura une répercussion sur l’avenir qui sera probablement énorme. Il montre également la prise de pouvoir de l’individu face aux événements, aux circonstances, au pouvoir en place (chose que l’on retrouve aisément dans d'autres films des Wachowski : "V pour Vendetta", "Matrix").
On y retrouve également de grandes questions existentielles, telles que la vie après la mort : oui, il est question ici de réincarnation. La mort d'un personnage n'est donc pas une fatalité, comme le souligne David Mitchell :"Dans un monde où la réincarnation est possible et dans un film où le passé, le présent et le futur s’enchevêtrent, la mort est juste un nouveau point de passage d’un univers à l’autre".
Chacun des différents personnages interprétés par un même acteur ou une même actrice constitue la réincarnation du personnage de l'époque précédente par l’intermédiaire d'un élément caractéristique que les réalisateurs ont décidé de garder et d’exposer volontairement plusieurs fois : une tâche de naissance en forme de comète, qui, dans le roman, indique quels personnages sont liés à la même âme. Le film en modifie la signification : "Cette tache de naissance engendre des résonances entre les personnages qui en sont porteurs : par exemple, un individu peut marquer son époque par une création personnelle, puis un autre, quelques générations plus tard, pourra s’en inspirer", commente Tom Tykwer. "La comète est devenue une manifestation phénoménologique. Sa marque symbolise, chez celui qui la porte, l’opportunité de changer les choses", ajoute Lana Wachowski.
"Cloud Atlas" met en scène des acteurs récurrents qui jouent ces différents personnages (jusqu’à six rôles pour un comédien), ce qui laisse imaginer une certaine continuité entre ces personnages à travers les siècles ; ainsi, le film devient particulièrement complexe de par sa structure. Il faut le prendre dans sa globalité avant d'essayer de comprendre quoi que ce soit : "Il faut laisser tomber l’idée qu’il s’agit de six récits. En réalité, il n’y a qu’un seul récit. Chacune des histoires et des époques agissent sur les autres tout au long du film. À mesure que ces âmes évoluent, on observe les correspondances entre elles, et on suit leur progression chronologique" nous explique Andy Wachowski.
Certaines critiques de ce film émanent justement d’une incompréhension quasi permanente; il est vrai que durant les vingt premières minutes on a affaire à une sorte de raz de marée d’histoires, difficile à suivre. Rien à redire vis-à-vis du casting, si ce n’est que j’ai eu un peu de mal avec Tom Hanks dans son rôle de médecin fou (Dr. Henry Goose), et de survivant post apocalyptique (Zachri), mais c’est à cause de l’image que j’ai de lui dans des rôle souffreteux (Philadelphia). C’est grandement compensé par Hugo Weaving dans son rôle de l’infirmière Noakes.
Je pense que les Wachowski et Tykwer ont vraiment réalisé un film d’envergure que je vous invite à voir ; ils ont essayé quelque chose d’ambitieux, c’est à dire d’adapter un roman de pseudo-sf en un film, tout en gardant un maximum d’attachement à leur idée philosophique et pour ça je dis bravo, c’était ballzy, et une réussite, car ça faisait longtemps que j’avais pas pris une claque cinématographique comme celle-là.
