Grâce à une campagne marketing audacieuse et réussie, il était impossible de ne pas avoir entendu ne fut-ce qu'une fois parler de ce fameux Cloverfield. Rares sont les bandes-annonces à susciter tant de passion chez les cinéphiles. D'abord intitulé 06-02-08, de nombreuses personnes se sont longtemps demandées ce qui pouvait bien attaquer New-York, de nuit. Impossible aussi de ne pas y voir une quelconque comparaison avec le 11 septembre 2001, blessure qui n'est toujours pas refermée chez de nombreux américains. Mais le film vaut-il tout le bruit qu'il y en a eu autour? Cette campagne marketing n'était-elle pas aussi réussie que pour masquer un véritable camouflet? Alors foutage de gueule du public ou non?
Et bien non... Là où Cloverfield n'aurait pu être qu'un banal film de monstres servi magnifiquement par une grandiloquente promo, on obtient une oeuvre qui dépoussière totalement le genre (du moins aux USA car The Host, oeuvre coréenne de Bong Joon-ho apportait un énorme plus dernièrement aux films de monstre).
Alors quoi de neuf apporté par Reeves mais également par J.J. Abrams, véritable parrain du projet. La cause de la création de Cloverfield s'explique assez facilement. Abrams a toujours été fasciné par l'engouement que suscite encore aujourd'hui Godzilla au Japon. Le producteur US regrettait de ne pas voir un tel monstre exister au pays de l'Oncle Sam.
C'est désormais chose faite. Et de très belle manière qui plus est. Plusieurs éléments sont à prendre en compte dans la qualité de l'oeuvre de Reeves. Primo, la mise en scène est particulièrement astucieuse. Pour apporter un certain réalisme, tout le film est mis en scène à la manière d'un Projet Blair Witch. Mais en mieux fait. Ca bouge certes dans tous les sens, c'est filmé par un des protagonistes mais ça reste absolument regardable. Pas question de nausée ici comme certaines caméras à l'épaule peuvent l'être. De plus, tous les acteurs sont des inconnus. Cela ajoute aussi une certaine pointe de réalisme, le spectateur s'identifiant plus facilement et rentrant également plus aisément dans l'histoire.
Deuxio, c'est aussi un film de monstre qui est assez intelligent. L'équipe du film a très bien compris l'importance que l'image possède à l'heure actuelle. Ainsi, Rob demande à son ami Hud la raison pour laquelle il continue à filmer. Ce dernier répond qu'il faut que les gens sachent. "Tu seras là pour leur raconter" répond Rob. Hud aura le mot de la fin en disant que ce ne sera pas suffisant. De plus, les avancées technologiques sont bien prises en compte. C'est filmé avec une petite caméra mais on voit également beaucoup de personnes prendre leur GSM et commencer à filmer les dégâts causés par l'envahisseur. Ensuite, il est assez facile de constater que l'oeuvre fait une référence directe au 11 septembre. New-York est attaquée et il y a également cette scène saisissante où la poussière envahit les rues après l'effondrement d'un building. Sorte d'exutoire pour Reeves et ses comparses? Leur manière à eux de faire le deuil de ce tragique événement?
Enfin, on va parler du monstre lui-même. D'où vient-il? Comment un monstre aussi gros a-t-il pu passer inaperçu autant de temps? Là aussi, le traitement réalisé par Abrams et Reeves est assez réussi. Là où on aurait pu penser qu'ils délaissaient totalement ce point, on constate qu'en fait, ils nous laissent des indices très discrets mais présents. Il faut également rattacher ces indices à la promo du film. En effet, la promo semble avoir mis en avant le fait que le monstre venait de l'eau et s'en était prise à une base pétrolière japonaise. Or cette firme japonaise est celle où Robert Hawkins part travailler. Le nom de l'entreprise apparaît à un moment dans le film. Or, lorsque New-York subit pour la première fois les attaques, cela vient de Manhattan. Un pétrolier coule. La Statue de la Liberté est totalement détruite. Et il y a également ce pont détruit où le monstre jaillit de l'eau. Cette thèse de l'eau est également supposée par Hud où l'on a retrouvé un vieux poisson fossile vivant à Madagascar. Ce poisson provient d'une espèce (le coelacanthe) qu'on croyait éteinte depuis des millions d'années. Mais tout de même, comment une bête de cette taille, résistant aux bombes n'a-t-il jamais été aperçu plus tôt? Il faut alors se rendre directement à la fin de l'oeuvre, à des moments plus tendres entre deux protagonistes du film. La caméra filme la mer. On voit alors rapidement tomber quelque chose dans l'eau. On se situe quelques semaines avant l'attaque sur New-York. Le monstre viendrait alors de l'espace? Il faut être très attentif pour le voir tomber mais on le remarque. Passez-le en vitesse lente, il se voit plus aisément. Le gros monstre est également accompagné par des sortes d'arachnides (leur forme m'a un peu rappelé Starship Troopers, d'où la raison du nom que je leur donne), plus petites et qui semblent posséder un certain intérêt en la chair humaine. Elles semblent également être à la solde du plus gros. Un peu comme une reine qui posséderait ses ouvrières.
Bref, Cloverfield, en un peu moins de nonante minutes, remplit parfaitement son rôle et mieux encore. Nouveau souffle dans le genre, plus intelligent qu'il n'y parait, campagne marketing parfaitement élaborée qui a permis au film de connaître un énorme succès, et bien d'autres choses encore (notamment la musique du générique final, seul moment musical d'ailleurs, signée Michael Giacchino)... Cloverfield n'est n'y plus ni moins que le meilleur film de monstre depuis Aliens, le retour...
batman1985
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le 6 mai 2011

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