Si il s'est illustré à maintes reprises comme studio de référence technique en matière d'animation, Pixar a su, parmi une production féconde ininterrompue depuis plus de vingt ans, créer des œuvres intelligentes et ambivalentes.
Dissipons au plus vite les malentendus : quand je parle d’œuvres intelligentes et ambivalentes, je ne catégorise pas l'ensemble des long-métrages d'animation du studio. Écartons donc, si vous le voulez bien, les Pixars que je qualifierais gentiment de mineurs comme Cars et Planes.
Ce qui m'intéresse et me fascine chez les productions ambitieuses du studio c'est cette intelligence d'écriture et cette capacité de toucher deux publics que tout oppose : l'enfant et l'adulte, créant un objet culturel fédérateur. Là où la majorité de la production estampillée "animation" ne s'adresse qu'aux plus jeunes, il y existe une maigre frange de ces films, bien trop rares. Primo, ça permet de définir des standards qualitatifs pour les productions à venir et secondo ça permet de rabattre son caquet à Jean-Gui de la comptabilité qui ne s'est pas retenu de lâcher avec la condescendance qui le caractérise "Oui mais les dessins animés c'est chiant, c'est pour les enfants". Ta gueule Jean-Gui.
Coco c'est en définitive le dessin animé que les parents ont envie voir avec leurs enfants, et accessoirement mon plus gros coup de cœur de 2017.
À la fois dépaysantes et sublimes, parfois roublardes, tantôt émouvantes, tantôt drôles mais toujours d'une justesse constante, les aventures de Miguel, personnage principal au demeurant extrêmement attachant, enchantent dès la première minute.
Coco aurait pu se réduire à une ambitieuse réinterprétation de la dia de los muertos et aurait déjà eu le potentiel de décrocher les mâchoires avec la facilité d'un Cassius Clay au meilleur de sa forme. Il aurait pu. Mais pourquoi s'en contenter lorsque l'on a le culot de construire son récit autour de l'oubli et du deuil ? Cet exercice périlleux, surtout en période de noël, pour un produit de consommation de masse à destination de la jeunesse, est une réussite insolente.
Alors que j'élevais béatement Inside Out au rang de mon meilleur film d'animation du studio, j'étais loin de me douter que Pixar parviendraient eux-mêmes à se surclasser si vite. Alors soyons dingues, espérons que la gifle se réitère pour une prochaine production, probablement postérieure à une énième suite au Monde de Nemo / Planes / Cars / peut importe, du moment que ça permet de nouveau une telle ambition créative.
Quoiqu'il en soit, on ne pouvait rêver meilleur moyen d'exorciser cette vieille bouse de Gad Elmaleh.