Coco
7.7
Coco

Long-métrage d'animation de Lee Unkrich et Adrian Molina (2017)

Depuis "La reine des neiges" et son fracassant succès en 2013, les longs-métrage d'animation de l'écurie Disney et de son confrère Pixar (qui lui est désormais commercialement rattaché), semblent avoir repris du poil de la bête après une décennie marqué au fer rouge par les désillusions artistiques et les échecs commerciaux ("La planète aux trésors", La ferme se rebelle", "Chicken Little", "Volt") que venaient sauver en partie les succès critiques et publiques des films Pixar ("Ratatouille", "Les Indestructibles", Wall-E", "Là-haut", "Toy Story 3", etc).
Sauf qu'entretemps, avec les réussites qu'ont été "Raiponse", "La reine des neiges" ou encore "Zootopie", Disney en terme d'animation a repris du souffle là où Pixar, à coups de suites quelques peu inutiles de certains de ses plus gros succès ("Monstre academie", "Cars 2 et 3", "Le monde de Dory") et pire encore de films sentant le "sous-Disney" à plein nez (le catastrophique "Rebelle" et le trop gnan-gnan "Voyage d'Arlo") se prenait tout doucement les pieds dans le tapis.


Dès lors, ce "Coco", dernier-né en datte du partenariat Disney/Pixar, avait à la fois de quoi réjouir et inquiéter.
Alors, bonne surprise ou gros pétard mouillé ?
Eh bien globalement, "Coco" constitue une très belle réussite, tant visuellement que narrativement.
Racontant l'histoire de Miguel, un petit garçon mexicain passionné de musique mais que sa famille lui interdit de pratiquer suite à de tristes circonstances familiales, l'intrigue se déroule en grande partie dans le monde des morts (où si l'on préfère, le "monde des ancêtres" comme traduit en V.F), endroit dans lequel le petit garçon va vivre une grande aventure en compagnie de ses compagnons de route, l'espiègle chien Dante et Hector, un squelette aussi excentrique que bien intentionné, sur fond de récit initiatique, de révélations sur l'histoire de la famille de Miguel et de volonté de vivre son rêve à n'importe quel prix, à l'instar de son idole, le chanteur superstar Ernesto de la Cruz.


Comme d'habitude chez Disney et même chez Pixar, le récit, tel que résumé ici, est on ne peut plus classique et ne propose rien de neuf au niveau des thématiques, déjà abordés à maintes et maintes reprises dans bon nombre de films d'animation de l'oncle Walt : la quête de soi, la volonté de se dépasser physiquement et psychologiquement pour atteindre ses objectifs et vivre ses rêves, le fait de prouver à sa famille qu'on est capable d'accomplir de grandes choses si on croit un tantinet en soit...
Bref, sur ce plan-là, "Coco" n'innove pas des masses et pourra laisser sur la touche les spectateurs les moins sensibles aux thématiques "Disneyennes" et accessoirement "Pixariennes".
Mais là où le film se distingue, c'est dans sa manière de raconter son histoire. En effet, "Coco" est bourré de rebondissements prenants et haletants qui font qu'on croit tout connaître de la vie du personnage principal alors qu'en fait, pas exactement; sans même parler du "twist" final (élément narratif très rare chez Disney/Pixar), particulièrement ingénieux et convaincant.
Sur ce plan-là, on peut sans problème parler d'innovation, le récit n'hésitant pas d'ailleurs à "délisser" ses personnages. Certes, il y a des bons très typés et des méchants reconnaissables entre mille mais la bonne idée de "Coco" est d'avoir su octroyer autant de qualités que de défauts à ses personnages, qu'ils soient gentils ou méchants. Ainsi, par exemple, la grand-mère de Miguel, dont on peut comprendre l'attitude relativement sévère vis-à-vis de son petit fils et de sa passion pour la musique, peut aussi être vue comme une vieille dame aigrie relativement égoïste car retranchée dans son passé et dans sa tristesse personnelle. De même, Miguel, bien que très volontaire et bon de nature,ne peut s'empêcher d'éprouver un certain dédain envers sa famille qui, au fond, souffre juste d'un problème de compréhension envers la musique. Ces deux personnages ne sont que des exemples parmi tant d'autres et qui viennent prouver une certaine maturité de la part des studios dans le traitement de leurs personnages (maturité qui s'était déjà vue en partie dans "Vaiana", précédent long-métrage d'animation de Disney, dans les traitements narratifs des personnages de Vaiana , ou "Moana" en V.O, et Maori).
Rien que pour ça, pour ses quelques touches bienvenues de "modernités narratives" au niveau du récit et du traitement des personnages, "Coco" vaut déjà le détour.


Le second grand atout du film réside dans sa beauté visuelle. Comme très souvent, Disney aime à s'aventurer aux quatre coins du monde (l'Afrique dans "Le roi lion", la France dans "Le bossu de Notre-Dame", l'Inde dans "Pocahontas", la Chine dans "Mulan" ou encore la Grèce dans "Hercule"); c'est encore le cas ici dans "Coco" qui se déroule au Mexique, durant le jour des morts (Dia de los muertos). Si les habitudes mexicaines sont très bien rendues visuellement (vêtements, nourriture, boissons, organisation des festivités mexicaines), c'est surtout le pays des morts qui retient toute l'attention.
A mille lieux de celui imaginé par Tim Burton dans son film d'animation "Les noces funèbres", le pays des morts version Disney/Pixar est tout aussi coloré mais nettement moins gothique, les squelettes y sont moins effrayants, plus gentils et empreint d'une belle poésie visuelle (les animaux le peuplant peuvent s'ébattre gaiement dans les airs); un monde des morts dans lequel qu'on aimerait pouvoir visiter car dépourvu de la moindre forme de souffrance et de dépression.


Le troisième atout majeur du film, c'est son traitement musical. "Coco" étant un film traitant en grande partie de la musque, il est donc logique qu'il mette en avant des numéros chantés et dansés. Sur ce plan-là, à l'instar du traitement du scénario pourtant très classique à la base, on notera également une certaine innovation de la part des deux studios, où plutôt dans ce cas-ci de la part de Disney. Si les numéros chanté de "Vaiana" et "La reine des neiges" pouvaient parfois lasser à force de se succéder comme des voitures de course, ceux de "Coco", (moins nombreux ceci dit) sont utiles au développement de l'intrigue dans la mesure où ils la font progresser; on ne chante pas pour rien, en gros. Très typé mexicaine (encore une fois, logique), la musique et les chansons de "Coco" sont très agréables à entendre et ont ceci de remarquables qu'à aucun moment elle ne vient freiner le rythme du film.


Vous l'aurez compris, "Coco" est donc une très belle surprise de la part de Disney et de Pixar, qui renoue ici avec le meilleur de lui-même en terme d'animation.
Si les bons sentiments "made in Disney" sont toujours là et que l'histoire (en dépit de belles trouvailles scénaristiques) reste on ne peut plus classique, on aurait tord de bouder son plaisir devant ce dessin animé visuellement épatant, au rythme endiablé et à la musique entraînante.


Caramba !

f_bruwier_hotmail_be
8

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Créée

le 3 déc. 2017

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