Je le trouve plutôt sympa, ce film, en dehors de ses nombreuses faiblesses.
Pour dire la vérité, je me demande s'il n'aurait pas mieux valu en faire une série courte, de cinq ou six épisodes d'une cinquantaine de minutes.
Et des atouts, il n'en manque pas, en premier lieu, son idée centrale, mais aussi ses acteurs (Hathaway assez bonne en adolescente du mauvais côté de la trentaine, et Sudeikis en psychopathe à qui on a envie d'enfoncer les globes oculaires dans le tronc cérébral en passant par le rectum). L'écriture est pas mal non plus, on ne se demande pas "non mais c'est qui, ces gugusses?", l'identification peut marcher sans problème majeur. Il y a aussi pas mal de plans bien sentis, que ce soit en terme de cadrages, ou d'effets spéciaux. Mention toute particulière au flashback où le sens passe sans qu'un seul mot soit prononcé.
Après, bah, y a les faiblesses, et il n'en manque pas non plus. Déjà, le mystère semble ne pas avoir été prévu pour en être un, tellement c'est grillé d'avance. Laisser les personnages - et le public - dans le doute aurait donné, sans doute, une dimension supplémentaire au film, et laissé le champ libre à des développements plus poussés. Et, précisément, je crois que la principale faiblesse de Colossal réside dans sa manière de jeter tout un tas d'idées sans jamais vraiment aller au bout. Tour-à-tour traitant de la résurgence des blessures enfantines, de l'alcoolisme, des relations toxiques ou de combats entre créatures colossales, le film semble hésiter perpétuellement entre tous ces sujets. La chose m'aurait moins gêné s'il s'était donné plus de temps pour les traiter en profondeur, quitte à leur donner une coloration trash par-dessus la tendresse qu'on sent de la part de l'auteur pour ses personnages. Il serait devenu un film multi-sujets, foisonnant. Là, il n'est, finalement, rien de tout cela. Enfin, le traitement n'a rien de foufou, en comparaison de la base de l'intrigue, on aurait pu s'attendre à quelque chose qui, par moments, décolle de la comédie dramatique intimiste. Même si y a de la gloumoute qui shoote des buildings quand même!
Lorsque je vois format plutôt étriqué (1h40 et quelques pouyèmes) très contraignant pour un tel matériau, et la sortie en DTV, je pressens l'influence malvenue de quelque producteur frileux...
Pourtant, comme je le disais, ce film me plaît, je le trouve sympathique, on sent une certaine passion et une certaine sincérité ou authenticité derrière la caméra, l'envie de proposer autre chose tout en gardant une forme connue. Voilà pourquoi ç'eût été, à mon avis, une formidable mini-série, qui se serait laissé le temps d'approfondir encore son atmosphère, ses personnages, et de traiter de manière exhaustive ses sujets.
En gros, même si ce n'est pas le film du siècle, je ne peux que voter les encouragements.