Contrairement à beaucoup, ce n’est pas mon titre préféré du réalisateur japonais. On retrouve certes son habituel ton nihiliste qui nous montre que les hommes ne valent que peu de choses mais cette perpétuelle guerre intestine entre les membres de plusieurs clans puis d’un même clan, pour un oui ou pour un non, finit par tourner en rond. Par ailleurs, il n’est pas simple de ne pas décrocher. Le nombre important de personnages présentés en début de film est ainsi un passage obligé qui passe ou qui casse. Soit vous êtes physionomiste et vous les intégrez, soit vous ne l’êtes pas et vous passez votre temps à vous demander qui est qui. En ce sens, le résultat peut se révéler pénible à suivre. Enfin, le rythme endiablé de l’ensemble (qui est une des grosses qualités du cinéma du réalisateur) peut augmenter cette sensation de boire la tasse tant le récit empile les péripéties avec, à chaque fois, cette multitude de personnages présentés en introduction.


Ces réserves étant posées, on retrouve cette façon si singulière et si innovante de filmer l’action avec ces mouvements brutaux de caméra, cette recherche d’angles en pivot et cette dimension documentaire. Le film semble ainsi un montage serré d’un documentaire retraçant la vie d’un clan. Avec en fond, la situation difficile de l’après-guerre, des inserts stipulant la mort de chaque protagoniste au fur et à mesure que le récit avance, une voix off retraçant des parties expédiées, Kinji Fukasaku colle au plus près du réalisme et s’éloigne irrémédiablement du cinéma, au hasard, de Seijun Suzuki qui faisait la part belle à l’onirisme. Ici, le monde des yakuzas ne fait pas rêver et on ne peut s’empêcher de constater que le réalisateur leur refuse le droit à une certaine dose de romantisme. En cela, en dépit des corrélations qui sont parfois établies, le cinéma de Kinji Fukasaku n’annonce en rien des films américains sur la mafia, et, notamment, Le Parrain. Ici, tout est laid, les hommes comme la rue, et tout court à sa perte. On est donc dans l’antithèse du film Francis Ford Coppola.


Dans ce contexte de film réaliste, on notera combien la violence est omniprésente dans ce titre, peut-être davantage encore que dans les précédentes réalisations du Japonais. Le rythme y est également plus intense et la morale au débarras. Ce qui compte, c’est la fulgurance de l’ensemble au détriment d’une intrigue presque négligée et de peu d’importance. C’est visuellement très efficace et addictif, mais d’autres titres du réalisateur me semblent plus aboutis et moins foutraques.


Play-It-Again-Seb
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le 28 avr. 2025

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