Premier film d’Ant Timpson en tant que réalisateur, Come to Daddy commence comme un thriller et se termine comme un film d’épouvante, mais c’est en fait une comédie noire ou satyrique. La violence abonde, ponctuée d’un comique à contre-courant. Cette ambiguïté de genre fait tout son charme - à défaut de faire l’unanimité. Certains verront un film culte, d’autres un épouvantable navet. La réalité est probablement entre les deux.


Le film débute avec un car Greyhound déposant Norval Greenwood (Elijah Wood, « Le Hobbit ») dans un bois au milieu de nulle part. Le trentenaire vient rendre visite à son père qui l’a abandonné, lui et sa mère, quand il avait cinq ans. Avec sa coupe au bol bizarre et sa fine moustache, ses vêtements non genrés, son téléphone en or massif, Norval, DJ de son état, fait figure de métrosexuel urbain et branché. Personnalité quelque peu fragile (il a tenté de mettre fin à ses jours), il est aussi en attente d’amour paternel. À l’inverse, le père est un homme rustre vivant dans une cabane en forme de « soucoupe volante des années 60 », isolée sur le bord de mer dans un paysage grandiose. Il semble n’avoir que désintérêt et mépris pour son fils. La confrontation entre les deux hommes se passe mal. Le père finit par agresser le fils avec un hachoir à viande avant de tomber raide mort d’une crise cardiaque.


La suite se découvre mais il faut savoir que le film perd alors tout contact avec la réalité. Le scénario sombre dans la violence en procédant d’une logique absurde totalement assumée. Certes, les relations père / fils restent le thème central mais des rebondissements en tout genre vont faire passer le film d’une ambiance à une autre. C’est ainsi qu’une révélation transforme notre gentil métrosexuel en tueur sanguinaire. Un stylo enduit d’excréments devient une arme létale. Un homme se fait massacrer à coups de pic à viande dans les burnes. Un motel affiche complet car réservé par une association de couples échangistes.


Bref, il ne faut pas trop se fier à la bande-annonce qui évoque un thriller. Come to Daddy est un film violent à l’humour noir et déjanté. Les répliques sont savoureuses, la mise en scène efficace, l’image léchée et Elijah Wood tient là un rôle taillé sur mesure. Le film reste un honnête divertissement, à condition de savoir à quoi s’attendre.

Jérôme_Oren
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le 5 mars 2021

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Jérôme Oren

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