Le film se déroule à Vienne, « Vienne, toujours la ville du rire et de la romance légère », ce qui permet à Lubitsch, allemand de naissance, de placer son action sur le vieux continent. L'amour sera bien sûr le maître de jeu. D'emblée, les gags visuels s'enchaînent et une certaine impertinence des dialogues des cartons intrigue (Nous sommes en 1924). Lubitsch est en train de trouver son style, la Lubitsch touch qu'il ne fera que peaufiner tout au long de sa filmographie.
Discrètement, Lubitsch ose un effet de superposition de deux visages pour rompre le champ/contre-champ. Il créé de véritables trouvailles de mouvements afin d'éviter que ses plans ne soient pas trop statiques. Les quatre personnages, délibérément archétypaux, et donc très vite percés à jour, sont excellemment campés par des acteurs qui jouent parfaitement cette partition de comédie enlevée, leur statut d'acteur du muet leur permettant à la fois à certains instants d'outrer leur jeu et concomitamment d'être déjà dans un interprétation plus sobre, intériorisée. Lubitsch leur fait également prendre des poses, comme des tableaux, ou des photographies, superbes.

Lubitsch ose des plans d'une incroyable modernité, deux mains qui s'enlacent, une main qui écrit, un œuf à la coque et une tasse de café repoussés, suggérant le sentiment amoureux hors-champ, et tout cela filmé en gros plan. Les intertitres sont parfois cinglants « Quand on parle autant que vous, on ne peut pas être malade » rétorque, excédé un médecin à sa patiente. Les situations équivoques s'enchaînent avec brio. Il y a un running gag sur un bouquet de roses qui est irrésistible. Les bonnes amies s'embrassent sur la bouche. Les quiproquos s'enchaînent à un rythme soutenu. Les plans extérieurs sont l'occasion de développer de nouveaux gags.
Lu ensuite sur Wikipédia : « C'est la première comédie américaine de Lubitsch et son film préféré. Ce film a inspiré des réalisateurs comme Alfred Hitchcock et Akira Kurosawa ». Un pur moment de plaisir.

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le 15 sept. 2021

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