Imagine un monde où les lois de la physique, de la logique et de la mode des années 80 se sont dit : « Bon, on prend un RTT collectif et on laisse Arnold gérer. » Ce monde, c’est Commando. Un film qui transpire tellement la testostérone qu’on pourrait l’essorer et remplir une piscine olympique de whey protéinée.
Arnold Schwarzenegger y incarne John Matrix, un ancien colonel des forces spéciales au nom tellement générique qu’on dirait un mot de passe par défaut. John vit paisiblement avec sa fille dans un chalet, mais attention, son quotidien paisible se résume à couper du bois torse nu, nourrir un cerf apprivoisé et nourrir sa gamine avec des glaces en la portant comme un haltère. Déjà, tu sens que ce mec ne va pas gérer la crise d’ado de sa fille, mais qu’il va régler ses problèmes familiaux à coups de lance-roquettes.
L’histoire ? Simple comme un squat. On kidnappe sa fille, et là… ERREUR FATALE. C’est un peu comme piquer la banane de Donkey Kong : tu déclenches la guerre nucléaire. À partir de ce moment, John Matrix va traverser le film comme une tronçonneuse traverse une tartelette : sans résistance.
Car Commando, c’est la poésie de l’excès. C’est le genre de film où Arnold sort d’un avion en marche, atterrit dans un marais sans se casser la cheville, puis se relève avec le brushing impeccable. Où il arrache des sièges de voiture à mains nues. Où il soulève un téléphone de cabine comme s’il s’agissait d’un gobelet en plastique. En fait, Matrix ne se bat pas contre des hommes, il se bat contre les lois de Newton. Et il gagne.
Mais le vrai miracle du film, ce n’est pas seulement le niveau de destruction, c’est aussi les punchlines. Chaque fois qu’Arnold tue quelqu’un, c’est un peu comme si Noël approchait : on attend le cadeau verbal. « Let off some steam, Bennett », balance-t-il après avoir empalé le méchant sur un tuyau. Traduction libre : « Souffle un coup, ça ira mieux. » Ce n’est plus une réplique, c’est une méthode de relaxation façon Schwarzy.
Et que dire de Bennett, l’antagoniste principal ? Avec sa moustache douteuse, son look de prof de techno reconverti en mercenaire, et son obsession un peu trop affectueuse pour John Matrix, on se demande si le film ne parle pas en fait de rupture amoureuse mal digérée. Bennett, c’est le mec qui fait semblant de te haïr mais qui garde encore vos photos de vacances dans son portefeuille.
Visuellement, c’est un carnaval de tout ce que les années 80 pouvaient produire : explosions plus grosses que des maisons, musique synthé qui fait « pouic-pouic » pendant que des hélicoptères décollent, et surtout cette esthétique de bodybuilder huilé au soleil qui ferait passer n’importe quelle pub de déodorant Axe pour du cinéma d’auteur.
Mais malgré son absurdité – ou peut-être grâce à elle – Commando est une pépite. C’est l’anti-réalisme absolu, la bible des bourrins, le poème épique où chaque vers est un coup de feu de M16. C’est le film qui te rappelle que dans les années 80, les héros n’avaient pas besoin d’être torturés psychologiquement, ils avaient juste besoin d’un fusil mitrailleur et de biceps capables de faire de l’ombre à des séquoias.
En sortant de Commando, tu n’as pas appris de leçon de vie, tu n’as pas médité sur la condition humaine. Mais tu as ri, tu as applaudi, et tu as secrètement pensé : « Et si j’arrachais moi aussi une cabine téléphonique pour impressionner ma meuf ? »
Commando, c’est la preuve que parfois, le ridicule touche au sublime. Et qu’avec un bon one-liner, même un lance-roquettes tiré à l’envers peut devenir de la poésie.