Commando reste un film particulier dans mon cœur.
C'est l'un des rares films ou mon opinion sur ce dernier changeait complètement en fonction de l’âge ou je le regardais.
Enfant / Pré-adolescent, je l'avais adoré. Il y avait Schwarzy dedans, c'était l'idole d'une génération. La génération des films d'action bodybuildé. Et dans ce film, il était au top de sa forme. Ca pétait de partout, ça tirait de partout....et Schwarzy défouraillait à tout va et se tapait à lui tout seul tout une armée. Les incohérences passaient inaperçues. Et en plus, c'était pour sauver Samantha de ""Madame est servi"" dont j'étais secrètement amoureux. Je prenais le film au premier degré, et j'étais fier que mon héros sauve ma fiancée. J'avais le poster du film accroché dans ma chambre...
Jeune adulte, prétentieux et légèrement pompeux, j'étais plus attiré par les films à messages, moralisateurs, les drames sociaux, les mindfuck, les films underground, qui me permettaient de me gonfler d’orgueils et de m'élever de la masse (même si en cachette je continuais à regarder des films de genre que j'appréciais honteusement). J'aurai sans doute adoré Mulholland Drive, ou en tout cas je me serai forcé à l'adorer (alors qu'aujourd'hui, j'en pense le plus grand mal, et je l'ai bashé dans ma critique...film vu trop tard pour que je puisse faire semblant de m'extasier devant). Et ce Commando, adoré dans mon enfance, était devenu le summum de ce que je détestais. Je crachais dessus, devant ces incohérences, devant son trop plein d'action ridicule dont le seul but était de distraire les gros beaufs abreuvés de bières (ou que je m'imaginais ainsi) et avec lesquels je ne voulais surtout pas être assimilé.
Puis j'ai mûri. Entré dans la quarantaine, on se préoccupe de moins en moins de ce que peuvent penser les autres, des cases dans lesquels on peut être mis. Les plaisirs coupables sont à nouveaux assumés. Et on retombe avec plaisir sur ce film. On remarque les incohérences, mais elles ne dérangent plus. Le côté nanard et too much fait sourire, et on se prend à apprécier la grosse bastonnade même si ça part dans tous les sens. On fait des allers-retours assumés entre le premier et le second degré durant ces 1H30 de temps et on y prend beaucoup de plaisirs. On le prend enfin pour ce qu'il est. Un divertissement, légèrement nanardesque, rempli d'actions bien bourrins qui n'a pas d'autres prétentions que de faire passer un bon moment avec ses côtés exagérés et portenawak totalement assumés.
L'enfant/pré-adolescent que j'étais lui mets 10/10 : Y a Schwarzy, y a Samantha, ça pête dans tous les sens et Schwarzy c'est vraiment le plus fort
Le jeune adulte prétentieux lui met 1/10 : C'est une grosse bouse d'action américaine, totalement commerciale, sans aucune cohérence, uniquement destinée à flatter les bas-instincts des gros beaufs.
Le moi de 41 ans d'aujourd'hui lui met 6/10 : Parce que c'est un bon divertissement, que l'on peut prendre au premier ou au second degré, totalement exagéré mais aussi totalement assumé, et qu'on passe un bon moment à le regarder. Et je lui rajoute 1 point supplémentaire pour le côté Madeleine de Proust.