C'est mal foutu, mais alors qu'est-ce qu'on se marre

Commando est un condensé de n'importe quoi velu comme on n'en voit plus depuis 20 ans. Aussi nul que jouissif, aussi mal branlé qu'efficace, Commando est über bourrin, réac, viril et franchement poilant. Soyons très clair, Comando n'est pas un grand, ni même un bon film. Ce n'est pas un Rambo méconnu, ce n'est ni du Stallone de la grande époque ni du McTiernan, et surement pas une perle du cinéma d'action. C'est juste une indéfendable bisserie bien débile, que je me fait fort de vous recommander tout de même.


Pur produit d'exploitation au second degré assumé, sa seule finalité était de caser ce nul de Schwarzy dans des rôles plus humains après Conan ou Terminator.
Par "plus humain", s'entend: je m'appelle John Matrix, suis un ancien des commandos qui a refait sa vie dans son ranch et mange des glaces avec sa fille, tout en allant couper du bois, non, un tronc entier que je ramène par dessus mon épaule tant qu'à faire.
Après cette scène d'exposition d'une rare subtilité cucul, il n'y aura plus une minute de répit.
Car ce Matrix (c'est bien son nom et a bien failli être aussi le nom du film...) s'est mis à dos un de ses anciens collègues, le félon Bennet. Par esprit carriériste, ce bad-guy ridicule (un genre de Freddie Mercury en cotte de maille) veut sa peau et prend en otage sa fifille pour le faire chanter au profit d'un dictateur déchu, du style général Tapioca.
Au bout de 10mn de métrage, on doit atteindre déjà la demi-douzaine de macchabées refroidis, et ça n'est pas fini. S'ensuit une bonne heure de péripéties improbables, à mi-chemin entre du McGyver et du Indiana Jones, tous deux enflés à l'EPO. L'invincibilité de Matrix ne fait pas plus de doute que celle d'Obelix ou d'un tricheur à l'aimbot sur Counter Strike. Cela devient prétexte à des scènes quasi burlesques, toutes droit sorties d'un album d'Asterix. Schwarzy se fait une place dans un roadster en arrachant le siège passager, démastique une dizaine de flics au milieu d'une foule de figurants débiles, soulève une cabine téléphonique pour la vider de son occupant par le haut plutôt que d'ouvrir la porte, ou encore fait un casse nocturne d'un hangar... en lui défonçant l'entrée avec une pelleteuse.
Le tout est rythmé par les répliques sentencieuses, débiles mais régulièrement fendardes de Schwarzenegger, benaize comme jamais, du style: "je t'aime bien Sully, c'est pour ça que je te tuerai en dernier".
Bref, comme beaucoup de films de ce type, l'enchainement des péripéties de Commando n'a pour but que d'amener à la scène ultra fantasmée finale. Et comme ce spectacle généreux a tenu le rythme pendant toute la première heure, on jubile encore plus de voir ce Arnold armé jusqu'aux dents, exterminer en 10 minutes chrono une bonne centaine de mercenaires sur une île aux décors douteux, et sans jamais viser tiens! Le tout s'achève sur l'inévitable duel au couteau entre Matrix et son ennemi juré Bennet (l'impayable taré Vernon Wells, visiblement cocaïné et dans le rôle de sa vie).
Alors, nostalgie absurde ou indulgence pathétique de ma part? Commando est aussi idiot que les mannequins en plastique qui s'y font pulvériser à coups de mines Claymore. Mais il est traversé en permanence d'ironie, d'humour potache, de répliques définitives, de violence gratuite et amorale, et il aligne les tenues vestimentaires parmi les plus hideuses jamais vues au cinéma, même en prenant en compte le contexte sombre et difficile des années 80. Et je ne vous parle même pas de l'atroce bande-son jouée au clavier bontempi, comme dans un Steven Seagal moisi. Bref, c'est indéfendable, Commando n'a rien pour lui, mais il est vraiment divertissant. Mais genre vraiment. Du coup, je préfère ça mille fois à un quelconque film d'action aseptisé pour midinettes, du genre qui pullule sérieusement depuis une dizaine d'années entre les Pirates des Caraïbes et les Resident Evil. Pas besoin de vous embeter à regarder une parodie de parodie sous la forme d'une suite d'Expendables: vous le tenez là, le petit bijou à regarder à 2h du mat entre mecs avec un pack de kro, une pizza et le paquet posé sur la table.

Biggus-Dickus
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le 8 août 2014

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Biggus Dickus

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