A ne rater sous aucun prétexte ! parfait pour une soirée DVD, à déguster entre amis, avec une bonne

Scénario à tiroirs, polar mâtiné de tragédie familiale, humour et action, le tout porté par une mise en scène millimétrée et cinq comédiens incandescents au sommet de leur Art : et si Comme les 5 Doigts de la Main était le meilleur film français de l’année ?

Naan, j’déconne…

J’aime bien Arcady, qui a fait de bons films (Le Grand Pardon, L’Union Sacrée), j’aime bien Bruel, à qui il arrive d’être excellent (PROFS, Toutes Peines Confondues, Profil Bas, Le Code a Changé), mais là, c’est pas possible !

Comme les 5 Doigts de la Main ne fait que rêver de la chronique ci-dessus. Cette chronique, c’est le film qu’il voudrait être au plus profond de lui-même, mais le film d’Arcady n’est qu’un vilain petit nanar.

Le pitch déjà, vaut son pesant de houmous : quatre frères fêtent Kippour à Paris avec maman (Françoise Fabian, formidable en mère juive qui s’évanouit toutes les trente secondes, parce que le couscous est trop sec, ou parce que son fils a une balle dans le bide) ; en parallèle, un cinquième et mystérieux personnage est en cavale à Marseille, avec un sac de sports sur le dos, un sac rempli de billets.

On portera au crédit de Comme les 5 Doigts de la Main cette première demi-heure, qui amène l’histoire et les personnages par touches impressionnistes ; c’est bien fait, on veut en savoir plus.

C’est après que ça se gâte, parce que les personnages sont caricaturaux, injouables, et donc mal joués. Jugez plutôt : Dan Hayoun (Patrick Bruel) est le bon fils qui a réussi, avec son restaurant italien de luxe. Mais c’est aussi… un ancien sniper… Hmm… Hmmm… C’est aussi un mari terriblement jaloux, qui arrange les coups avec son petit sourire en coin, copyright Patriiiiiick!!! 1989.

Jonathan Hayoun (Pascal Elbé), est pharmacien, c’est l’extrémiste religieux de la famille. Il se balade jamais sans kippa, il a même des rechanges dans sa poche (sic).

Julien Hayoun (Éric Caravaca) est le petit dernier, il a pas réussi, il est prof (resic), dans un lycée de banlieue (reresic) plein d’arabes (rereresic).

Quant à Michael (Mathieu Delarive), cherry on the cheesecake, c’est le flambeur de la bande : il joue… kolossal ironie, au poker ! dans un cercle de jeu sponsorisée par Winamax* (sic au carré)… Et le personnage de Patrick Bruel l’enjoint… à jouer moins… (sic x 10 puissance 56)

Je vous passe l’heure qui suit : en gros, ça tourne à un bon Chuck Norris : « Cette fois-ci, c’est personnel !!! ». On découvre que le cinquième personnage n’est autre que David Hayoun (Vincent Elbaz, décidément pas fait pour la tragédie), le Hayoun qui a vraiment mal tourné : braqueur, il a balancé un gangster gitan qui est désormais à sa poursuite, vu qu’il est parti avec le butin. La boulette !

Bruel et ses frangins affronteront donc le gang de gitans (séquence culte avec pharmacien hassidim, M-16 à la main), on révélera que le frangin en cavale avait un bon fond, un secret familial sera révélé, et la famille enfin réunie dans les calanques, façon Château de Ma Mère vs Citizen Kane…

Car à l’image du Rosebud final, le film d’Arcady ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnaît. Arcady a toujours été comme ça, plongé dans sa fascination du cinéma US, à vouloir faire son Parrain, ou son Arme Fatale. Mais ici, c’est Miss Catastrophe que tu fais, mon petit Alexandre : vannes foireuses, et humour juif au milieu d’une scène dramatique (Bruel qui lance à Elbaz en sang, une balle dans le bide : « Et tu oses nous faire ça le jour de kippour ?

On passera, parce qu’on est gentil, sur les sous-entendus racistes du film (les arabes sont bonniches, élèves de banlieue, flics, ou barbus islamistes, mais bon on peut s’entendre, parce que ça nous rappelle l’Algérie, hein !) Par contre, les gitans, ça rigole pas : ce sont des gangsters sanguinaires, sadiques et déloyaux.

Moment culte du film, façon Les Nuls-Hassan Cehef : Bruel et les frangins vont acheter des armes dans une cité. Le trafic d’armes est évidemment tenu par des islamistes (ils sont barbus, et vêtus de blanc (la tenue de camouflage habituelle d’Al-Qaeda). Bruel commence à faire son marché. A chaque fois que les Hayoun achètent une kalachnikov, on croirait entendre le vendeur, fanatique mais serviable, lui répond « C’est possible ! »

Vous l’aurez compris, il ne faut rater sous aucun prétexte Comme les 5 Doigts de la Main. Le film est parfait pour une soirée DVD, à déguster entre amis, avec une bonne bière et des pizzas et, superbonus ! En version française !!

Allez, une petite dernière pour la route ? « Si 6 milliards de gens ont pas réussi à retrouver Ben Laden, je vois pas comment trois flics pourraient retrouver David Ayoun !! »

NB Spéciale dédicace à Michel Vaillant qui nous avait chaudement recommandé Comme les 5 Doigts de la Main (au troisième degré) lors d’une AG CineFast.

*Pour ceux qui ne s’intéressent pas Texas Hold Em, Winamax est le plus gros site de poker français et appartient notamment à Patrick Bruel
ludovico
2
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 20 déc. 2014

Critique lue 2K fois

4 j'aime

1 commentaire

ludovico

Écrit par

Critique lue 2K fois

4
1

D'autres avis sur Comme les cinq doigts de la main

Comme les cinq doigts de la main
NicoBax
2

Patrick Bruel est gras.

Pas raté. Juste impensable en 2010. Comment peut-on encore accumuler autant de clichés, de dialogues balourds et d'astuces scénaristiques à peine dignes des mauvaises séries B des années 80. Surement...

le 15 févr. 2011

7 j'aime

Comme les cinq doigts de la main
ludovico
2

A ne rater sous aucun prétexte ! parfait pour une soirée DVD, à déguster entre amis, avec une bonne

Scénario à tiroirs, polar mâtiné de tragédie familiale, humour et action, le tout porté par une mise en scène millimétrée et cinq comédiens incandescents au sommet de leur Art : et si Comme les 5...

le 20 déc. 2014

4 j'aime

1

Comme les cinq doigts de la main
TheScreenAddict
7

Critique de Comme les cinq doigts de la main par TheScreenAddict

D'accord, Comme les cinq doigts de la main n'est pas un chef-d'œuvre. D'accord, le scénario n'est qu'une simple histoire de vengeance entre deux générations. D'accord, l'ensemble manque parfois...

le 6 août 2010

4 j'aime

Du même critique

Shining
ludovico
9

Le film SUR Kubrick ?

Après le flop public et critique de Barry Lyndon, Kubrick a certainement besoin de remonter sa cote, en adaptant cet auteur de best-sellers qui monte, Stephen King. Seul Carrie a été adapté à cette...

le 7 févr. 2011

191 j'aime

86

La Neuvième Porte
ludovico
9

Un film honteusement délaissé...

Un grand film, c’est quoi ? C’est un film qui passe sur NRJ12 (en VF mal doublée), qu’on prend au milieu, et qu’on regarde jusqu’au bout, malgré l’alléchant Mad Men S05e1 qui nous attend sur Canal à...

le 23 janv. 2011

58 j'aime

3

Borgia
ludovico
3

on y a cru pendant vingt secondes, jusqu'au générique...

C'est parti pour la série événement de Canal+. Ils sont forts chez Canal, ils ne font pas de série non-événement ! Mafiosa, Braquo, Borgia : même combat. Pour cette dernière, on y a cru pendant vingt...

le 14 oct. 2011

41 j'aime

13