Davantage qu'un drame social sur la dure condition des Roms (ici d'origine Roumaine), ce film réalisé par Nicolas Boukhrief est surtout une aventure humaine de deux êtres à la dérive pour des raisons complètement différentes mais qui vont chacun trouver en l'autre un motif pour redonner un sens à leur vie. C'est ce qui fait tout l'intérêt de ce film !

Le premier est un ancien professeur, Jacques (Rom)and (un hasard ?), joué par un excellent Vincent Lindon, très à l'aise sur les sujets sociaux, mais aussi au naturel dans ce type de drame humain, plutôt sombre. Jacques a abandonné son école suite à une crise avec ses élèves mais surtout est en pleine crise de vocation, et très déprimé. Sur le plan personnel, sa vie est un désastre, il n'a plus que sa fille, partie au Canada, pour croire en quelque chose.

Le deuxième est Victor, un jeune Rom métis, de mère gitane et de père Roumain, ce qui fait de lui un "cashtalo", ces métis méprisés et ostracisés par les leurs. Jamais scolarisé, mais ayant appris l'anglais sur Youtube (!), Victor doit voler le jour et ramener du cash à son oncle le soir, sinon il est battu violemment, d'autant plus dans sa condition de métis. Le réalisateur est allé "caster" Victor dans une école d'art dramatique Roumaine, Stefan Virgil Stoica, très crédible et émouvant dans son rôle.

Jacques rencontre par hasard Victor en train de voler dans un supermarché, et on comprend bien, dans l'enchaînement des événements et un scénario très bien maîtrisé, pourquoi Jacques va tenter, non sans difficultés, de prendre Victor sous son aile et lui donner des cours particuliers (seul bémol curieux : dans son apprentissage, on mélange l'anglais et le français, il y avait mieux à faire !), et ainsi tenter de le remettre sur le chemin de l'école. C'est ainsi que chacun va progressivement retrouver de l'espoir dans un monde noir et détraqué, et au fond le cinéma a aussi ce rôle.

Dans le marathon des contacts que prend Jacques pour trouver quelqu'un qui s'occuperait de Victor, il rencontre la directrice d'une association, Karole, qui s'occupe de jeunes en difficultés, incarnée par une excellente et très sensible Harmel Kirshner; Karole lui voue un soutien indéfectible par vocation, voire bien plus, et cela rajoute à l'épaisseur humaine à cette histoire !

Evidemment on sent le rôle de Jacques taillé pour Vincent Lindon; sans doute intervenu beaucoup dans le scénario, Nicolas Boukhrief étant connu pour l'attention qu'il porte à ses acteurs.

Pour moi cela fait la réussite du film, porté par cet acteur tellement charismatique, et on évite ainsi le pathos et les trop bons sentiments.

Il n'est pas question ici de donner un indice sur la fin du film, chacun aura son ressenti sur celle-ci, mais de mon point de vue c'est un joli film à voir, et même une belle surprise de cette année 2024 !

Créée

le 9 mars 2024

Modifiée

le 10 mars 2024

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Azur-Uno

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