J’ai pour (mauvaise) habitude de regarder les bonus des DVD que je regarde. A part pour quelques exceptions, c’est souvent du temps perdu, de l’auto-promotion qui n’a rien à dire sur le film où tout le monde a été gentil et le film est vraiment bien, regardez-le. Ce qui ne sert à rien, il n’y a plus besoin de convaincre puisque le film a été emprunté ou acheté.


Mais dans Company Man, il y a de la gêne dans ces bonus, ce qui est bien rare. Lors des longs entretiens avec les principaux acteurs, si la bonne humeur qui régnait sur le plateau semble crédible, il est bien précisé que le film est léger, « silly », une comédie sans grande prétention sinon celle d’amuser. Et en arrière-plan presque des excuses, « désolé si vous n’avez pas aimé ». Les acteurs sont alors en plein tournage quand ils sont questionnés sur le film, on sent qu'ils n'y croient pas. Ils ne savent pas encore les mauvaises critiques que vont recevoir le film. Mais ils s’en doutaient déjà.


Pourtant, c’est le genre de film qui commence bien, avec une bonne idée de départ qui donne envie de savoir où le film va aller. En 1958, Allan Quimp est un professeur très respectueux de la grammaire, dont le seul plaisir un peu foufou est le rock’n roll. Devant son manque d’ambitions, et afin d’avoir un peu plus d’argent pour frimer entre ménagères, sa femme ne cesse de le pousser à se remettre en question, de viser plus haut. Pour s’en débarrasser, Allan va faire croire qu’il est agent de la CIA. Malheureusement, le mensonge va prendre des proportions énormes, et la CIA elle-même va intervenir, en envoyant Allan à Cuba. Sans savoir que la révolution cubaine allait porter Fidel Castro au pouvoir, qu’Allan, sa femme et le président Batista vont tenter de détrôner.


Il y a tout de même du beau linge dans ce panier. Si Douglas McGrath, acteur principal, scénariste et réalisateur n’est pas resté dans les annales, on y trouve tout de même Alan Cumming, Sigourney Weaver, John Torturo, ou bien Paul Guilfoyle, Jeffrey Jones ou Anthony LaPaglia. Woody Allen est présent aussi dans plusieurs scènes, mais son absence du générique en dit long. Même en se mettant dans la tête qu’il s’agit d’une comédie légère, sans prétentions, peu s’en sortent correctement. Beaucoup trop en font trop, sans arriver à être drôle.


Pour être honnête, le film arrive à être drôle dans ses tentatives pour détrôner Castro, toutes plus farfelues les une que les autres. Elles comportent pourtant une part de vérité, elles furent envisagées par la CIA à l’époque. Il avait été ainsi prévu de faire perdre à Fidel Castro sa pilosité pour affaiblir son charisme. Le portrait de l’organisation dépassée par les évènements qui tente de se rattraper aux compétences pourtant faibles d’Allan Quimp, fait aussi partie des quelques bons moments du film.


Mais en dehors de ça, cette farce sombre dans les tréfonds de la comédie américaine. Avant qu’Allan n’arrive sur l’île, soit la bonne partie du film tout de même, il faut supporter des personnages colorés mais fades, dont on se moque des motivations. Et si cela s’améliore par la suite, grâce à la figure de Castro qui va recentrer le propos, cela reste hélas survolé, sans qu’on ne comprenne bien les intentions. L’humour ne fonctionne pas, à l’image de ses blagues récurrentes. Un professeur de grammaire qui corrige perpétuellement ses interlocuteurs, ce n’est pas drôle, tout comme un agent de la CIA un brin trop excité, qui est toujours prêt à se blesser pour montrer qu’il est sérieux et déterminé. L’excentricité de certains personnages, comme cet agent, ou le général Batista, pourrait faire tendre du côté de la comédie burlesque, mais cela ne prend pas, c’est lourd.


A vouloir proposer une comédie sans prétentions, c’est un film naïf et bête qui nous est proposé. Il aurait fallu faire preuve de plus d’audace, d’aller oser s’aventurer un peu plus dans la satire de cette époque. Mais non, c’est au ras des pâquerettes, malgré un script qui avait du potentiel, malgré les bons acteurs impliqués.


Le film avait un budget de 16 millions de dollars, tout de même. Il n’empocha que 600 000 $ de box office à travers le monde. Un fiasco digne de celui de la Baie des cochons.

SimplySmackkk
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le 22 oct. 2019

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