Il sera très difficile de juger des décisions prises dans un récit si extraordinaire. Mais la réalité rime avec vérité dans ce tourbillon cauchemardesque de la manipulation. Il s’agit du premier carton de Craig Zobel, mettant en place une narration qui pèse par des longueurs que l’on ne regrette pas totalement, au final.
Il n’est pas tout à fait question de juger les diverses victimes d’un canular qui va trop loin, ni le manipulateur en question. Il est conseillé de s’interroger sur ce qu’une personne lambda, un inconnu serait capable de faire ou faire faire. Par le biais d’un téléphone, le discours traverse les pensées de personnes troublées. Nous avons notamment un manager, apparemment susceptible comme nombreux d’autres collègues, qui répond à l’influence d’une autorité « supérieure ». Oui, car le jeu ici se résume en une frénésie de tensions et de violence morale.
On assiste à la perversion de la nature humaine. Se conformer à des ordres est intuitif, car nous savons nous positionner face à celui ou celle qui commande ? Une certaine hiérarchie s’installe alors pour faire comprendre l’absurdité du drame. En revanche, l’humiliation a bien été réelle et elle perturbe énormément. Voilà de quoi souligner une narration de haut niveau, sans pour autant négliger l’angoisse et la réflexion qu’elle procure. On aura vite fait de tourner en rond, rien qu’en en parlant. Le plus simple est de contempler, puis de se laisser guider par la compassion qui se dégage facilement dans l’intrigue.
« Compliance » démontre ainsi la puissance d’un drame aux faits réels, malgré une cohérence difficilement digérable. Ce film aura de quoi mettre mal à l’aise, comme pour chacun qui saura éveiller son humanité lors du visionnage.