Au cours d’un casse réussi, François Nolan (Reggiani) est blessé et abandonné par ses complices qui s’enfuient avec le butin. Malgré ses blessures, il se rend dans la maison où doit être opéré le partage. Comme prévu, il y retrouve son frère Pierrot chargé d’organiser la suite de l’opération. Nolan se rend compte qu'il a été trahi quand la police et un inspecteur de la compagnie d’assurance (Bouquet) font irruption dans la villa. Une fusillade s’en suit dans laquelle son frère est tué et l’inspecteur d’assurance défiguré. Après dix ans de prison et à la fin de sa période d’interdiction de séjour en région parisienne, il est déterminé à se venger de celui de ses complices qui l’a trahi.
Roger Pigaut, acteur et réalisateur à l’occasion, et André-George Brunelin, le scénariste-dialoguiste ont réuni certains de leurs bons copains (dont quelques un se retrouveront dans son film suivant « Trois milliards sans ascenseur »). Qu’on en juge : Serge Reggiani, Michel Bouquet, Simone Signoret, Jeanne Moreau, Marcel Bozzuffi, Charles Vanel, André Pousse, Jean Dessailly, Amidou, Jean-Marc Bory et Serge Sauvion. Quelle affiche ! On peut citer également Bob Asklof, moins connu mais notable dans le rôle du tueur narcissique. Ajoutons que la musique est signée George Delerue ; c’est une belle valse nostalgique des voyous d’époque.
Il existe dans l’histoire du cinéma français un certain nombre de films policiers qui n’ont rien à envier à ces grands polars américains que nous sommes nombreux à apprécier. Il semble souvent de bon ton de mépriser un peu ces films et c’est une belle injustice. On n’est jamais trahi que par les siens. « Comptes à rebours » mériterait sa place dans une liste des meilleurs polars toutes origines confondues. Ceux qui ont aimé « Le doulos » devraient apprécier celui-ci. Je dirais que c’est un film en couleurs mais ses couleurs sont belles comme du Noir et Blanc. Toutefois, les personnages y sont vêtus de façon moins folklorique que chez Melville (pas d’imper ni de Stetson) et ne naviguent pas en grosses américaines. Ce qu’on perd en folklore, on le gagne en crédibilité.
C’est une action assez lente mais forte et noire. Jamais ennuyeuse. Le spectateur qui essaie d’anticiper les évènements est en difficulté. C’est un suspens à plusieurs étages grâce, notamment, au personnage inquiétant, peu visible mais omniprésent, joué par Bouquet et à ceux de Jeanne Moreau et de Jean Dessailly qui ponctuent et épaississent l’aventure. L’aspect « classique » est renforcé par le couple Signoret-Vanel. Bien entendu, je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Mais je ne doute pas que, dans ce film, tout cinéphile un peu « dernière séance » trouve son compte… à rebours.
p3i
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 2 mars 2015

Critique lue 3K fois

9 j'aime

2 commentaires

p3i

Écrit par

Critique lue 3K fois

9
2

D'autres avis sur Comptes à rebours

Comptes à rebours
AMCHI
6

Petit polar grand casting

Comptes à rebours c'est le type de film quasiment tombé dans l'oubli mais grâce à son casting impressionnant il peut encore attirer quelques curieux dont moi. Un polar qui relate la vengeance d'un...

le 1 mars 2016

2 j'aime

Comptes à rebours
estonius
8

Excellent polar

Je me demande ce qu'on peut reprocher à ce bon polar. La mise en scène est très correcte parfois même inventive (la scène de la miroiterie), la direction d'acteur est sans faute. Il y a bien quelques...

le 24 déc. 2018

1 j'aime

1

Du même critique

Manon des sources
p3i
8

Deux versions incomparables.

Il faut préciser que quand, dix ans après son film d'esprit marseillais en deux parties "Manon des sources" et "Ugolin", Pagnol a écrit "L'eau des collines", il a lui-même remis les faits dans...

Par

le 2 févr. 2015

19 j'aime

12

Un revenant
p3i
9

La vie est un théâtre d’ombres.

Le film est inspiré d’une histoire réelle survenue dans les années vingt. Et le film commence : Une vision légère et... noire. Les extérieurs d'entre Saône et Rhône permettent de situer l'action dès...

Par

le 22 févr. 2015

17 j'aime

5

Manon des sources
p3i
10

Les versions incomparables

Il faut préciser que quand, dix ans après ce film d'esprit marseillais, Pagnol a écrit "L'eau des collines", il a lui-même remis les faits dans l'ordre chronologique et a créé une atmosphère sombre...

Par

le 2 févr. 2015

15 j'aime