Des choses gentilles à dire sur ce film
Conan cuvée 2011 ne restera pas dans les mémoires, c’est évident. Est-ce pour autant une aberration qui mériterait d’être expédiée au fin fond de la fosse des Mariannes, l’équipe chargée du transport finissant naturellement abattue la mission accomplie pour ne pas prendre le risque de voir cette ignominie réapparaître à la surface de la terre ? Clairement non. Enfin pas plus que Prince of Persia qui semble être sorti du même creuset.
Conan c’est une trame toute faite et pourtant assez maladroite. Le film cumule plusieurs faux départs avant de se lancer et à partir de ce moment-là, ça devient un jeu vidéo pas très stimulant dans lequel Conan évolue de niveau en niveau sur le schéma : un lieu, une aventure, un boss à abattre, avec l’aide d’alliés occasionnels qui déboulent et disparaissent de manière totalement désinvolte. Les personnages sont peu développés d’ailleurs. En soi, ce n’est pas handicapant, après tout, la sobriété est tout autant de mise dans le film de Milius auquel on ne peut pas s’empêcher de penser où les personnages se caractérisent avant tout par leurs actions et par leurs capacités. Mais ces derniers jouissent d’une structure narrative qui les rend attachants, qui leur donne une épaisseur. À titre d’exemple, la scène où Conan et Subotai parcourent les prés et les villes, indépendamment du fait qu’elle constitue l’une des séquences les plus iconiques du film, structure les personnages et leur relation. Dans le Conan de 2011, on n’a pas ça. Il n’y a pas cette construction qui donne de l’humanité et de la richesse à des personnages minimalistes. Dans Conan, les personnages sont vides et ce malgré l’investissement des acteurs qui les portent. Et la réalisation qui dans l’ensemble sacrifie le tranchant au profit des ficelles et des recettes de l’époque ne peut pas contrebalancer la faiblesse du scénario.
Dans l’ensemble, le film sent le bricolage, pas celui des sympathiquement kitsches Kaldior ou Hercule version Cozzi mais celui d’un réalisateur qui se trouve à devoir diriger un projet vieux de plus de 20 ans tellement réécrit qu’il n’a plus aucun sens, récupéré par une maison de production qui s’en tamponne, et d’acteurs et d’actrices qui essaient de faire au mieux avec ce qu’on leur donne, c’est à dire pas grand-chose. Étrangement pourtant, malgré un scénario quasiment absent, un montage un peu aléatoire, des rafistolages visuels pas toujours très heureux, Conan se laisse suivre, même si c’est d’un œil amusé. On retrouve un peu tout ce qui fait la magie d’une partie de jeu de rôle : les archétypes, les cultistes, les créatures surnaturelles (hommes de sables assez efficaces, bestiole tentaculaire sous utilisée), des lieux d’aventure qui fonctionnent bien (les décors naturels sont assez bien exploités et les temples/palais/cités, malgré une esthétique un peu fourre-tout ou des incrustations hasardeuses, restent évocateurs) avec un truc en plus, Conan a aussi son lot de cruauté un peu timorée certes mais qui participe à retranscrire un univers qui sent le sang et la sueur (cavité nasale apparente triturée à doigt nu, geôlier forcé à avaler la clé de la prison avant d’être laissé à la merci de ses prisonniers...)
Après, Conan, comme Prince of Persia, c’est le genre de film qu’on oublie quelques jours après l’avoir vu autant parce qu’il manque de soin, de souffle et d’idées que parce qu’il reste loin du ridicule et du nanar, il est un peu honteux mais c’est tout... Sauf que Conan a coûté 90 à 100 millions de dollars là où Prince of Persia a disposé selon les estimations de 150 à 200 millions de budget.
Je veux jouer au bingo des clichés avec ce film
Le lien pour jouer, c'est là : https://www.incredulosvultus.top/conan
Ou sinon, je regarde juste les 46 ingrédients du bingo de ce film parce que c'est trop cool
Personnage > Agissement
Bagarre > Valdingue à travers une vitre, une palissade, une porte... – Bagarre > Brise nuque – Bagarre > Coup dans les couilles (ouch !) – Chute dans le vide en criant « Aaaaaah ! » – Mort > Meurt dans les bras d’un autre personnage – Stylé > Balance une petite phrase avant de tuer une personne (ou après) – Super pouvoir > Ce qui lui a été dit lui revient/reste en tête mot pour mot – Tension > Met la main devant la bouche d’un personnage pour l’empêcher de hurler (agression)
Personnage > Citation
Ordonne > « Tuez-le ! » / « Tuez-la ! »
Personnage > Héros ou héroïne
Fibre héroïque > Sauve une femme en détresse, ou un enfant inconscient – Tension > Son fils, sa fille, sa femme, un·e proche est en danger, entre les mains des méchant·es
Personnage > Interprétation
En fait des caisses – Parle la bouche pleine
Personnage > Méchant·e
Mégalomane – Mort > Le chef des méchants (ou la traîtresse) meurt toujours en dernier – Ruse > Un·e vrai·e méchant·e se bat de manière déloyale – Tension > Cri de rage ou de dépit – Tension > Hurle le nom du/de la gentil·e
Personnage secondaire
Bouclier humain – Garde ou sbire neutralisé par derrière
Réalisation
Grammaire > Ralenti lors d’une chute ou d’un saut dans le vide – Grammaire > Ralentis injustifiés et insupportables – Habillage > Incrustation de texte sur l’écran : lieu, date, heure, etc. – Ouverture ou fin > Voix off d’introduction ou de conclusion – Plan insistant sur l’entrejambe ou la cheville d’un personnage qui se pisse dessus de trouille – Tension > Les visages crispés des duellistes se font face derrière leurs épées croisées
Réalisation > Accessoire et compagnie
N’importe quoi > Eau limpide comme de la Cristalline™
Réalisation > Audio
Bruit exagéré > Bruit métallique injustifié – Bruit exagéré > Coups donnés lors d’un combat au corps-à-corps – Bruit exagéré > Les épées, cannes, flèches, lances font woosh et cling !
Scénario > Contexte spatio-temporel
Bivouac
Scénario > Élément
Prophétie : la légende dit que... – Un·e proche meurt sous ses yeux
Scénario > Ficelle scénaristique
Empoisonné·e - hey hey heeeeey !
Scénario > Situation
Bagarre > Raid sur un village ou un temple paisible – Bagarre > Seule une nana peut foutre une branlée à une nana – Tension > Doit s’échapper avant la destruction imminente de... – Tension > Suspendu·e dans le vide – Tension > Torture
Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes
Objectification sexuelle > Nichons, fesses – Objectification sexuelle > Reluque une femme – Objectification sexuelle > Tenues légères
Thème > Testostérone
Fallait pas la/le faire chier – Bagarre > Un seul bras pour les assommer tous – Objectification viriliste > Corps musclé mis en valeur – Peau de vache > Maton
---
Barème de notation :
1. À gerber
2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
3. On s'est fait grave chier
4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
9. Gros gros plaisir de ciné
10. Je ne m'en lasserais jamais