La dimension légère du film laisse peu à peu place au désenchantement, à mesure que la lumière s’assombrit : le soleil d’été s’incline devant la pluie, puis la nuit.
3 étapes dans le film.
D’abord, on pose le cadre. Rencontre des personnages, initiation, transmission du savoir. La question sociale est néanmoins présente, mais en arrière plan… Elle apparaît d’abord dans l’exposition de l’influence du milieu d’origine sur l’approche du dragueur, sur son rapport à la « chasse ».
Aussi, la question sociale apparaît de manière plus disséminée, dans le rapport à la pauvreté du personnage de Fabio : systématiquement, il se retourne, dans la rue, effrayé, sur les SDF qu’il croise, comme une vision d’un avenir possible pour ce jeune dépourvu d’ancrage solide dans la vie, ce qui lui vaut le mépris des personnages faisant figure de grand frère, d’autorité, qui, eux, ayant accédé à l’âge adulte en trouvant leur place dans la société par le travail, le méprisent. C’est le cas des personnages de Figlarz et Levantal.
Le rapport de Fabio à la pauvreté diffère singulièrement de celui de Dutronc. Lui, ne prète aucune attention aux pauvres, car il n’a pas l’angoisse de la subsistance, vivant luxueusement de l’argent de sa famille, et certain de trouver un emploi de cadre à la sortie de ses études. Ces études, d’ailleurs, lui confèrent une certaine estime auprès de personnage de Levantal, respectant les études comme moyen de s’élever, par le mérite, dans la hiérarchie sociale.

La deuxième partie, est celle du désenchantement naissant du personnage de Dutronc pour Fabio. Ce sont les premiers ratés, les premiers moments de gêne du bourgeois à l’égard du prolétaire. Peut-être une différence de perception de classe, mais comment l’expliquer ? Peut-être, de manière imprécise, par le fait que Fabio trouve dans son activité le moyen de transcender sa classe, l’injustice, ce qui le pousse à aller plus loin, jouant plus gros, cherchant à oublier sa condition, peut-être, aussi, ou à conquérir ainsi ce à quoi il n’accédera jamais autrement…
La distinction entre bourgeois et prolétaire commence à influencer leur amitié, la fragiliser, à mesure que Dutronc a moins de choses à apprendre de Fabio. Elle culmine avec la scène du dîner bourgeois, dans lequel Fabio, mal à l’aise, méprisé et méprisant cette culture qui n’est pas la sienne, décide de ramener ces élégants à leur animalité commune en leur parlant de merde.

Enfin, troisième partie. Celle où le rapport de force s’inverse. Le bourgeois, ayant tiré tout ce qu’il pouvait du prolétaire, finit par l’abandonner, le laissant, pitoyable, baigner dans une éternelle adolescence, une recherche infinie d’affection dont semble dépourvu ce Paris regorgeant d’individus isolés (les figures parentales sont absentes du film, donnant au tout un aspect à la fois libertaire, mais aussi, proportionnellement, dangereux)
Au fond, rien de cela n’était sérieux pour le personnage de Dutronc ; une question purement physique, réglée par une thérapie de terrain : la bourgeoisie et sa psychologie. L’enjeu était moindre pour lui ; il ne s’agissait pas, comme pour Fabio, d’un moyen de lutte contre les déterminismes sociaux, d’une arme à brandir dans la lutte des classes.
Le personnage de Dutronc a tout pris, sans jamais donner. Même quand ils travaillent, il prend l’argent alors même que, contrairement à Fabio, il n’en a pas besoin… préfiguration du cadre terrible qu’il deviendra certainement à 30 ans… De même, dans l’atelier photo, il s’amuse, sapant le travail des autres. Exploitation intégrale.

Film sympathique, à deux niveaux de lecture. Le changement de ton est étrange : on a l’impression d’avoir, à la fin, perdu quelque chose en route. Un goût amer dans la bouche. La critique sociale prend la dessus dans les deuxième et troisième partie, au point qu’on semble perdre un niveau de lecture : l’aspect intellectuel, social, politique, uniquement en toile de fond dans la première partie, sans toutefois être moins efficace, passe au premier plan. Ces parties deviennent toutes politiques, on perd l’aspect divertissement, c’est-à-dire un niveau de lecture

Chatov
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le 29 nov. 2019

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