L'horreur dans toute la maestria du caca : des trucs qui bondissent de partout, mode boîte à pouët

Qu'est-ce que c'était nul !
Déjà le premier c'était pas bien fabuleux, mais au moins il y avait une recherche esthétique, un peu comme Insidious d'ailleurs : un désir de proposer une sorte de portrait type des codes du genre, de canon bien chiadé des procédés classiques d'horreur. Et de ce point de vue, à défaut de trouver ça bon, j'avais pas trouvé ça foncièrement désagréable.


Mais alors là, franchement...
Faisons simple : ça arrive à être à la fois mièvre, bigot, bête, putassier, long – genre loooong ! – et entièrement cousu de fil blanc... Non mais sérieux, si t'as le moindre gros plan sur quoi que ce soit (une cloche, une bible, un jouet, etc.), tu peux déjà commencer à ouvrir les paris sur la fonction que ça va remplir dans une scène horrifique moins de vingt minutes plus tard ! Ceci étant, y a une connerie de démon qui apparaît sous la forme d'une nonne (avec un design pas mal réussi d'ailleurs, jusqu'à ce qu'elle sorte les crocs – et littéralement, hein...) mais à qui il suffisait de balancer : « Valak retro, Satanas » pour résoudre le merdier depuis le début. Sinon, y a un croquemitaine en cgi hideux. Y a une love story aussi, d'une subtilité à ébranler un rhinocéros. Y a tellement de trucs qui bondissent à l'écran de partout en braillant, mode "boîte à pouët", que t'as juste à compter lentement jusqu'à trois, et en théorie, c'est bon, tu tombes à peu près dessus... Non mais sans déc, y a un jumpscare toutes les vingt secondes pendant 2h20 ! Y a littéralement une scène où le jumpscare consiste à ce qu'un gamin se fasse hurler : « BOUH !!! » à la face.


Cumule tes effets minables, ce sera toujours minable.
Pourtant d'un point de vue strictement visuel, il y a encore quelques plans çà et là qui rappellent que Wan s'applique vachement plus que les multiples ersatz de lui qui œuvrent chez Blumhouse ; il y a même deux scènes qui cherchent à inscrire la peur dans la durée plutôt qu'à faire bêtement sursauter – une avec un tableau au mur, l'autre un fauteuil tenu dans le flou hors du point en arrière-plan – et franchement, il n'y a pas de hasard, il n'y a pas de mystère : ce sont les deux seules scènes à peu près réussies. En plus de ça, le film essaie quelque chose que je trouve relativement intéressant dans l'idée : faire de l'horreur soutenue, qui ne se relâche pas, et qui insiste jusqu'à jouer sur la fatigue nerveuse ; des phénomènes paranormaux qui persistent et persistent encore, même lorsqu'un adulte, un policier ou un journaliste entrent dans la pièce... mais même ça, en fait, le film est incapable de le maintenir jusqu'au point où ça deviendrait réellement éprouvant, parce que sinon, en toute logique les personnages seraient morts au bout de quinze minutes. Et au fond, quoi qu'il en soit de tout ça : faire un condensé des effets de style les plus bêtes et les plus usés du genre en se disant que si t'en cumules trente fois plus que le film d'horreur lambda, ça en fera un meilleur film d'horreur à l'arrivée, bah en fait non.


Ça fait juste la quintessence du caca.
Une sorte de virtuosité de la médiocrité.
Bref, un vrai petit Mozart du bousin, ce Wan.


Du talent d'être à la fois réactionnaire et vulgaire.
Il y avait peut-être besoin de ça pour que s'enterrine définitivement dans ma tête l'écart intersidéral qu'il peut y avoir entre la petite merveille qu'est The Witch et la masse des trucs par contraste desquels il se démarque – et dont les Conjuring sont quand même les représentants par excellence. C'est drôle, parce que sur des thèmes similaires (créatures démoniaques, foi à outrance), l'un sert un propos intelligent où la religion est montrée comme source de la paranoïa et racine du mal, alors qu'ici on a un propos réactionnaire au possible où la bigoterie déclinée sous toutes ses formes jusqu'à l'indigestion est la planche de salut au milieu d'un monde dangereux rongé par les puissances maléfiques.


Et donc, entre un film anti-religieux et un film qui fait la promotion de la religion un peu à la manière dont on fait un placement produit : devinez lequel des deux a un tant soit peu d'intégrité et lequel prend son thème pour prétexte à faire du gros divertissement bas de plafond bien lourd et bien commercial ? À l'avant-première, ils distribuaient des petits chapelets en plastique (évidemment tous les ados présents à la séance ont cru qu'il s'agissait de colliers et ont essayé de passer leur tête dedans : « ouais c'est quoi ce truc, c'est trop petit ! » – je vous fais confiance pour gratifier ça à la lecture de l'intonation propre à rendre l'intelligence à l'œuvre). Et tenez-vous bien : un faux prêtre est venu faire un jumpscare IRL devant l'écran avant que ne débute le festival à jumpscares qu'est le film ! La foi érigée en produit de consommation, objet de moquerie ou fournisseur officiel de frissons... c'est tellement déplorable.

trineor
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le 29 juin 2016

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trineor

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