Une fois que t’as épuisé un peu tous les classiques du cinéma d’horreur, c’est difficile de trouver de bons films de genre, surtout dans les plus récents. J’avais plutôt bien apprécié Insidious de James Wan, du coup, tant qu’à faire, je me suis décidé à voir The conjuring…


Le film est basé sur une des affaires d’Ed et Lorraine Warren, un couple de "démonologues", qui a écrit beaucoup d’ouvrages sur l’occulte, et ont été impliqués dans plusieurs évènements connus, notamment celui relaté dans le film Amityville.
Le scénario a beau être basé sur une histoire réelle, il a quand même fallu qu’on nous sorte une connerie du genre "il y a une affaire tellement terrible qu’elle a été gardé secrète… jusqu’à maintenant". Pitié ! D’autant plus que ce sont des évènements qui ont déjà été relatés par les Warren.
Bref, il y est question d’une famille qui emménage dans une nouvelle maison. Des phénomènes paranormaux se manifestent peu à peu, discrètement, sous forme de détails que les protagonistes ignorent aisément.
On nous refait quand même le coup de la gamine qui parle à un "ami imaginaire" ; c’est tellement déjà vu et facile, ça me gonfle.
Quand les choses deviennent sérieuses, les Warren sont appelés à l’aide, et découvrent que la maison n’a pas connu un, mais plusieurs évènements tragiques. La propriété a d’abord été maudite par une sorcière, puis une femme s’est suicidé, et son gamin a disparu mystérieusement, "et ce n’est pas tout" dit Mrs Warren, un gamin est aussi mort noyé dans le lac. Une accumulation qui, présentée autrement, aurait pu se trouver dans une parodie. (et encore, je viens de voir qu’il y en a encore plus, dans les faits)


Et donc toutes ces personnes hantent encore la maison. Et c’est un des principaux problèmes du film : vouloir en faire autant, et du coup ne pas savoir garder un bon équilibre entre les divers éléments.
En parallèle de cette histoire de maison hantée, on suit les Warren présenter leurs investigations publiquement (on ne nous dit jamais exactement de quoi il s’agit, au début j’ai cru qu’ils étaient dans une université, mais apparemment ils se déplacent pour donner des conférences ?). Et la poupée Annabelle est si souvent évoquée, arbitrairement, qu’on se dit que la seule raison à cela est que ce spin-off de merde était déjà en préparation. Même si la poupée existe vraiment… par ailleurs, elle ne ressemble en rien à celle du film, bien plus glauque (je ne vois même pas comment on peut fabriquer et posséder ça ; au moins avec Chucky, sont aspect creepy est plus subtil, et il y a une explication à la transition vers son look plus effrayant).
A l’inverse d’Insidious, où j’avais été surpris par l’attention portée aux rapports familiaux, dans The conjuring les personnages sont à peine développés. On a des petits moments de vie, par-ci par-là, mais soit ça fait forcé, soit ça ne mène nulle part (le type qui flirte avec une des filles). Bon, pour la famille de victimes, c’est normal, ils sont 7.
Pour les Warren, on nous sert simplement des situations bateaux censées montrer l’attachement entre les deux époux. Au moins, les acteurs sont convaincus, et convaincants, quand ils parlent de possession ou de démons, en dépit du caractère insolite de ce qu’ils ont à raconter.
A vouloir être trop dense, le film s’avère en fait trop mou. Je pense qu’il aurait pu être raccourci, d’autant plus qu’il y a des éléments dont, rétrospectivement, je ne comprends pas l’utilité. Pourquoi montrer les enfants découvrir, par hasard, l’entrée condamnée de la cave ? Ce n’est pas comme si c’était l’élément déclencheur, puisque la famille se retrouve hantée simplement parce qu’ils sont emménagés dans cette maison.


Malgré tout, je me dis à nouveau, en voyant The conjuring, que James Wan est un bon cinéaste. J’ai du mal à comprendre, en comparaison, le buzz que parvient à créer ce tâcheron d’Eli Roth. Wan sait se montrer inventif, et fait partie des rares à encore trouver de nouvelles façon de mettre en scène des moments d’épouvante.
Wan se contente très rarement de simples jump-scares, mais trouve tout un tas d’idées futées pour signaler une présence maléfique : le jeu de cache-cache, le drap qui se plaque à une silhouette invisible, …
Le réalisateur exploite aussi pas mal sur la puissance de la simple évocation, par l’annonce de quelque chose qui va apparaître, ou d’une chose qui est déjà là sans qu’on ne la voie.
Dommage que d’autres scènes dans The conjuring fassent appel à un sensationnalisme facile au lieu de rester subtiles (la fille projetée contre une vitre, la personne qui tombe de 2 étages).
J’ai aussi été refroidi par la représentation très commune et peu effrayante des fantômes, et par cet exorcisme sans originalité, qui ennuie malgré sa violence.


The conjuring n’est pas mauvais, mais ça manque de rythme et d’originalité, malgré les qualités de la mise en scène. Et, je tiens à le redire, comme pour Insidious, ça n’a pas sa place au sommet du top films d’horreur de SensCritique !

Créée

le 19 oct. 2015

Critique lue 439 fois

2 j'aime

Wykydtron IV

Écrit par

Critique lue 439 fois

2

D'autres avis sur Conjuring - Les Dossiers Warren

Conjuring - Les Dossiers Warren
SanFelice
7

Infestation Oppression Possession

Ce film réunit les poncifs du genre. Pour ceux qui ont suivi d'assez près le cinéma d'horreur des dernières années, il semble n'y avoir aucune surprise. On essaie d'abord de nous vendre ça pour une...

le 30 oct. 2013

69 j'aime

10

Conjuring - Les Dossiers Warren
Gand-Alf
7

Ghostbusters.

Ce qui est intéressant dans le cinéma de James Wan, quelque soit le genre qu'il aborde, c'est que le bonhomme à beau nous balancer tous les clichés possibles et imaginables à travers la gueule, ça...

le 8 juin 2014

59 j'aime

Conjuring - Les Dossiers Warren
Softon
6

Les Warren : Acte III

Grâce à leur statut authentique, validé lui-même par le Vatican, et la réputation des affaires qu'ils ont traité, Ed et Lorraine Warren, et plus particulièrement leurs cas sont devenus une source...

le 13 août 2013

45 j'aime

2

Du même critique

Mr. Robot
Fry3000
4

L'hacker a ses raisons (Saison 1)

Spoilers ahead. Je suis du genre à me méfier des séries qui font le buzz ; ce n'est que lorsque l'enthousiasme des débuts retombe et que les avis sont plus variés qu'on peut se faire une meilleure...

le 23 août 2016

54 j'aime

3

Breaking Bad
Fry3000
4

Le daron de la drogue

En dépit de tout le bien que je lisais ou entendais de toutes parts sur la série, c’est suite à la lecture, il y a presque deux ans, de la fameuse lettre totalement élogieuse d’Anthony Hopkins...

le 18 juil. 2015

54 j'aime

61