Classique en plus d'être en retard sur son temps

Il existe certains films qui nous font dire, quand on en voit la bande-annonce dans une salle de cinéma (ou sur un site de vidéos genre Youtube, au choix), qu’ils ne valent pas grand-chose. Que ce ne sont que de banals divertissements idéaux pour un samedi soir entre potes, qui ne pensent qu’à attiser la curiosité du spectateur par le biais de tout un lot d’actrices/acteurs. Sur le papier, Conspiracy, avec sa distribution 5 étoiles (Noomi Rapace, Orlando Bloom, Toni Collette, Michael Douglas, John Malkovich…) faisait clairement partie de cette catégorie. N’étant qu’un simple film de genre n’ayant aucune ambition première si ce n’est amuser le public le temps de son visionnage. En sortant justement de celui-ci, vous aurez comme prévu un sentiment mitigé envers le résultat final… mais pas de la manière dont vous l’espéreriez.


Avant toute chose, il faut savoir que le scénario de Conspiracy a figuré depuis 2008 dans la célèbre Black List hollywoodienne. Pour ceux qui ne connaîtraient le système, il s’agit d’un recensement, un classement de scripts jugés prometteurs qui attendent patiemment qu’un producteur daigne financer sa mise en chantier. Il aura donc fallu près de 6 ans avant que le projet ne se concrétise enfin. Sans compter les 3 années supplémentaires pour le réaliser, le monter et le voir sortir dans les salles obscures. Une bien longue attente qui, à l’arrivée, se révèle être le gros défaut du long-métrage. Et pour cause, celui-ci se présente à nous comme un thriller d’espionnage qui veut nous parler de terroristes djihadistes, d’attentats internes, de manipulations politiques pour faire accuser le clan adverse (nous avons d’ailleurs une allusion au World Trade Center). Bref, un scénario qui aurait fait fureur… à l’époque de sa conception. Là, en cette année 2017, tout a déjà été dit et redit sur le sujet à tel point que Conspiracy arrive littéralement après la bataille. N’apportant strictement rien de neuf à l’horizon, le film ne peut cacher son retard sur l’actualité, allant même jusqu’à surfer sur cette dernière pour justifier son existence. C’est un peu dérangeant et surtout anecdotique.


Mise à part cela, cette d’impression d’avoir vu un long-métrage ayant atterri à la mauvaise époque, on se retrouve sans surprise avec un divertissement lambda. Une sorte de Jason Bourne du pauvre qui parvient toutefois à tenir en haleine le temps qu’il faut par son enquête, l’implication de Noomi Rapace en femme d’action (bien qu’on l’ai vue en meilleure forme ailleurs, il faut bien l’avouer) et une petite dose d’humour qui fera sourire pour détendre l’atmosphère. Sans compter que, malgré ce qui a été dit dans le paragraphe précédent, Conspiracy est tout de même l’occasion de rappeler au spectateur de ne pas se fier aux préjugés. De ne pas tomber dans l’amalgame pur et inhumain en insistant bien sur le fait qu’un terroriste n’est pas forcément musulman. Qu’il peut être tout autre, comme le montre ce film, qui use d’un antagoniste principal issu des hautes sphères de l’espionnage et qui fait porter toute l’attention sur une cellule djihadiste pour mettre son plan à exécution. Et rien que pour ce rappel, Conspiracy mérite que l’on s’y attarde un peu.


Mais bon, comme je vous le disais, il s’agit ni plus ni moins d’un Jason Bourne du pauvre. Un thriller d’action usant de ficelles milles fois vues et ne provoquant, pour le coup, aucune surprise. Le tout se révèle être assez prévisible, et n’est pas arrangé par une mise en scène impersonnelle de Michael Apted (qui est pourtant à l’origine de blockbusters plus conséquents tels que Le monde ne suffit pas et Le Monde de Narnia 3) et des personnages secondaires qui n’existent que par le charisme de leur comédien respectif (Orlando Bloom et John Malkovich). Juste une simple course-poursuite contre la montre. Quelques corps-à-corps par-ci par-là. Une petite fusillade qui réveille d’un coup. Un rythme qui s’accélère par moment pour retomber après dans la normalité. En clair, rien de bien transcendant pour que l’ensemble se montre suffisamment mémorable. Juste le minimum syndical pour divertir, ni plus ni moins !


Film d’espionnage archi classique et bien trop en retard sur son temps, Conspiracy ne restera certainement pas dans les annales. Il n’a certes rien de honteux dans son rendu, ne le nions pas. Mais ce n’est pas assez pour se montrer à la hauteur d’autres films de cette année 2017, qui eux sont parvenus à être bien plus efficaces question action (John Wick 2) et thématiques (Traque à Boston). Disons tout simplement que Conspiracy est un petit en-cas en cette fin du mois de mai, en attendant de recevoir dans nos salles les premiers blockbusters estivaux (notamment Wonder Woman et La Momie) qui risque de faire bien des ravages !

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