C'est après un certain temps, un certain nombre d’œuvres et une certaine maturité sur l'essence de Robert Zemeckis que je me suis réattaqué à Contact, ce film de SF qui a laissé perplexe tout le monde depuis sa sortie, au point d'être toujours considéré comme un cru mineur de la SF aujourd'hui, bien emballé (bon casting, fort potentiel et angle original conservant une certaine rigueur scientifique) mais bottant en touche dans son final. Sans doute parce qu'il ne s'agit pas d'un film de SF, mais d'un drame intime sur l'éveil de la Foi, avec une grandiloquence empreinte de scientisme qui est vouée à parler aux 5% de mécréants présent sur terre, dans des termes en dehors de toute théologie. Et devenant, par la force des choses, le premier film d'introspection émotionnelle de science fiction grand public, un genre depuis illustré avec succès par des mastodontes comme Premier Contact ou l'incontournable Interstellar...

Ce n'était pas faute de nous laisser des indices avec les nombreuses allusions religieuses qui émaillent le film, apportant en densité à tous les enjeux sociaux-politiques qui entourent les recherches, la découvertes et les développements que suivra le film, déroulant peu à peu ses concepts avec une idée fixe qui structure le film : la quête de la vérité, sous toutes ses formes. Et dans ce parcours, nous suivons une scientifique qui se retrouve souvent opposée à la religion, qu'elle considère comme une hallucination collective. Et rapidement les embûches se succèderont, au point même où son scepticisme religieux se trouvera utilisé contre elle. A ce stade, je trouvais le postulat du film étrange, car Zemeckis étant très au fait de question religieuse et de morale, ce parti pris semblait pour le moins incongru. Incongru jusqu'à ce qu'il se trouve mis en abîme par les 15 dernières minutes qui nous confirment enfin vers où regarde le film, non vers le fin fond des étoiles, mais au plus profond des êtres.

Il s'agit ni plus ni moins que d'un parcours de Foi. Une scientifique absolument hermétique à toute idée de croyance (mais hantée par la mort de son père, que la solitude pousse à rechercher aux confins des limites connues) qui découvre un phénomène inexpliqué, qui l'amène dans un cheminement qui amène sans cesse de nouvelles questions, avançant à grands pas dans l'inconnu, jusqu'à accomplir des miracles... invisibles à l’œil nu. Une révélation personnelle... qui ne s'appuie sur aucune preuve tangible. Tout réside alors dans la dernière intervention de cette scientifique en face de la commission d'enquête, qui nous donne alors... une description littérale et factuelle de la Foi pour résumer son expérience. Une intensité émotionnelle en cohérence avec ses émotions qui marque alors une profonde convergence entre science et croyance. Et cela sans bibliothèque et autre gravitation de mes couilles. Mais à l'époque de sa sortie, on préférait tous voir Independance day, c'est évident.

Alors, on ne tient pas non plus un film parfait. C'est un peu long, ça n'est pas un film qui se livre facilement et c'est surtout un film qui trompe son public sur ses intentions, n'ayant de science fiction que le contexte, et s'intéressant bien davantage aux humains et à leurs émotions qu'aux entités extra-terrestres qu'on scrute. Le passage en Vortex est à ce titre un peu gênant, ses effets spéciaux ayant particulièrement vieillis et les effets visuels souffrant aujourd'hui d'un kitsch qui tranche avec le reste du film, plutôt réaliste. Mais il trouve lui aussi sa cohérence dans la matrice de croyance développée dans l'oeuvre, en mélangeant des souvenirs pour susciter une émotion tout en apportant quelques réponses (très vagues). Car l'intérêt n'est pas dans les réponses sur le fonctionnement de l'univers, mais sur les réactions de notre scientifique. C'est ce que paye le film depuis en récoltant des avis modérés, ce recadrage du film à un niveau émotionnel, qu'on devine conçu dans cette optique dès la conception, sacrifiant dès lors l'ampleur de ce premier contact à une initiation scientifique de la Foi religieuse. Un beau sujet, pour peu qu'on s'y intéresse.

Voracinéphile
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le 2 mars 2024

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