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Hier encore je découvrais Guillaume Brac avec A l'abordage. Intrigué par cette influence rohmérienne, je me suis donc attaqué à la filmographie du réalisateur. Une interrogation m'est apparue : Comment ai-je pu passer à côté de ça ?


Soyons clair d'entrée de jeu, j'aime beaucoup les films romantiques. Ma rencontre cette année avec Hong Sang Soo fut intense tout comme la trouvaille Conte d'été, qui depuis trône dans mon classement tant il est un chef d’œuvre. J'ai donc un biais pour ce type de cinéma. Un plan sur des arbres qui dansent au rythme du vent, des regards qui en disent longs, de la drague qui ne dit pas son nom mais surtout l'amertume. Car la force de ces cinéastes naturalistes est qu'ils arrivent à créer une identification peu importe l'espace et le temps. Que l'on soit à Paris, en Corée du Sud où dans les années 1990, on y croit. On y croit car les personnages sont profondément humains, ils sont tous médiocres à leur façon. Nous même spectateur étant aussi médiocre, il nous est aisé retrouver en chaque protagoniste la personne que nous étions, que nous sommes ou que nous serions.


Contes de juillet est la somme de deux histoires. Deux histoires parfaitement banales, d'un quotidien sans intérêt de jeunes adultes qui se tournent autour. Tout cela n'est rien et pourtant c'est tout. L'amour n'a jamais changé, qu'on ouvre Andromaque de Racine ou que l'on regarde Quatre nuits d'un rêveur, c'est toujours la même histoire. Nous avons des gens qui sont en quête d'amour, les situations changent, les lieux, les époques mais le but reste le même : trouver quelqu'un.


Dans les deux récits, l'action prend place en juillet. D'abord, on est amené à suivre deux jeunes femmes qui vont passer un après-midi au bord du lac, elles seront rapidement confrontées à un jeune homme qui finira par draguer l'une d'elle. La seconde partie concerne une jeune femme norvégienne en étude à Paris qui s'apprête à retourner au pays le lendemain de la fête nationale. Elle qui a un petit ami qui l'attend, sera perturbée par trois hommes au cours de cette journée.


Chaque épisode met en scène ce qu'il y a de plus noble mais aussi de plus bas en amour. Nos deux copines vont rapidement s'engueuler au sujet du garçon, l'une ne supporte pas d'être mise à l'écart mais surtout de ne pas être au centre de l'attention, d'être seule. Alors elle partira trouver un jeune homme isolé avec qui elle finira par flirter. Son amie se voit faire la visite du lac par le jeune homme du début, tout parait formidable, un vrai conte de fée mais la vérité éclate. Sous ses airs de prince charmant se cache en réalité un séducteur maladroit et brutal. Rentrant de sa balade, elle croise la petite amie de ce dernier, on assiste avec jouissance à cette engueulade de couple, où il finit par être quitté. L'arroseur arrosé. Enfin les deux copines du début finissent par se retrouver au crépuscule racontant toutes deux leur petit segment de romance.


Le seconde récit n'a rien à envier au premier. Cette fois notre héroïne doit faire face à trois types d'hommes, son colocataire italien qui ne rêve que de se la faire, un inconnu rencontré au défilé qui lui aussi ne rêve que de ça et un pompier un brin timide qui par hasard se retrouve en soirée avec elle. Anne se refuse aux deux premiers sous prétexte qu'elle est en couple pourtant (alcool aidant) succombera aux charmes du pompier. L'histoire serait bien fade si l'on ne percevait pas toute la méchanceté qu'induit l'amour. Il y a ceux qui s'aiment et les autres alors ? On partage avec l'italien tout le dépit qu'il ressent face à ses échecs répétés, on s'amuse du stratagème de Roman prétendant être terriblement blessé au nez afin d'embrasser Anne. Mais et c'est surement la plus belle scène du film tout comme la plus pénible, la scène de danse du pompier. Ce pompier qui toute la soirée fut dragué par la collocataire d'Anne, une thésarde en physique quantique qui il faut le dire n'arrive pas physiquement à la cheville de son amie. Elle doit subir l'affront ultime, la blessure la vraie de ne pas plaire à celui-ci mais surtout de voir Anne le draguer. Tout cela fini en engueulade et chacun rentre chez soi. Anne qui se présentait comme modèle de vertu, se refusant à bien des hommes éprouve pour autant un malin plaisir à se faire désirer d'eux.


C'est avec ces méchancetés et ces injustices que Guillaume Brac nous offre une belle heure d'émotions fortes.

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le 6 nov. 2021

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