Ce triptyque des sentiments humaines nous parle de perversion, malsaine dans les deux premiers contes, sublimée dans le deuxième.
Jalousie dans le premier, avec une jeune femme qui apprend que l'homme dont est en train de tomber amoureuse sa meilleure amie est son ex.
S'ensuit une longue conversation avec son ex où elle se montre manipulatrice, possessive, elle défend sa copine (elle reprend son ex qui l'a appelé de manière méprisante "une fille", n'a jamais un mot pour la dévaloriser), mais pourtant essaye de lui piquer son nouvel amoureux. Elle est en même temps très brute et honnête envers ses propres sentiments, mais inconsidérée des sentiments des autres. Elle finira par les laisser finalement tenter leur histoire, car elle n'est au fond pas méchante. Mais elle nous a montré toute la possessivité dont on est capable envers un ex amour, même des années après, même alors qu'on y pense plus du tout. Et à quelques points une conversation de quelques minutes peut réveiller des sentiments. Car l'ex, qui était quelques instants auparavant sous le charme de sa nouvelle rencontre, était sur le point de céder à son ex.
Le premier conte se passe dans des intérieurs assez glauques (le taxi, le bureau de l'ex tard le soir), jusqu'au salon de thé où l'héroïne prend la bonne décision dans un décor qui s'éclaire tard le soir.
Dans le deuxième conte aussi, l'ambiance est peu lumineuse : les scènes se passent dans le bureau rempli de dossiers du professeur, dans le studio sans intérêt de l'étudiante, dans le bus la nuit.
La perversion est multiple ici, le professeur qui humilie l'élève, l'élève qui cherche à se venger, l'étudiante qui accepte sans raison particulière de l'aider dans son entreprise.
Elle livre au professeur ses pulsions sexuelles, et lui lit l'extrait érotique du livre qu'il a écrit. Comme dans le premier conte, le personnage féminin est honnête, et elle finira par expliquer au professeur qu'elle espérait le piéger. Il reste impassible, que ce soit à la lecture du passage érotique, où lorsqu'elle lui apprend les vraies raisons de sa présence. Avec la porte toujours ouverte, il ne veut rien cacher. Malgré ce qu'il a écrit, il semble se méfier de l'intime. Alors que le professeur et l'étudiante finisse par avoir une conversation sage et apaisée, le conte finira mal pour les deux, puisqu'elle finira par divorcer, et lui par être viré. Tandis que l'élève qui avait tout orchestré s'en sort bien, avec un poste important et une vengeance mise à exécution. Pourquoi avoir puni le professeur et l'étudiante ?
Le troisième conte est beaucoup plu lumineux et mignon. Deux femmes pensent se retrouver après 20 ans de séparation, et découvrent après coup qu'elles ne se sont en fait jamais connues.
L'une d'elle a notamment projeté dans l'autre son amour de jeunesse. Au lieu de se quitter une fois le malentendu découvert, elles poursuivent leur conversation, et même jouent ce qu'elles auraient vraiment aimer dire à la personne qu'elles avaient pensé revoir. Il n'y a rien de malsain dans leur façon de faire. Elles avaient besoin de parler, de rattraper les années. Le destin ne les met pas en face des bonnes personnes, mais peu importe, elles disent quand même ce qu'elles ont sur le coeur.
Dans la scène finale il y a une notion de temps perdu qu'on rattrape, qui rappelle que dans le premier conte, où l'homme est sur le point de rattraper son ex, mais il ne le fait pas : il ne rattrape pas le temps perdu, il préfère la nouvelle fille.
Dans le dernier conte donc, cette fois-ci la quarantenaire rattrape l'autre fille et lui dit que c'est bon, elle se souvient du prénom de l'amie d'enfance avec qui elle l'avait confondue. Elle a rattrapé le temps perdu, les années, elle a retrouvé un bout d'elle-même.