Explicitement inspiré de Rohmer, comme l’indique d’emblée le titre puis la forme discursive ainsi que le thème des amours changeantes, Contes du hasard et autres fantaisies parvient non seulement à imiter le maître mais encore, non pas à le dépasser mais à apposer sur son œuvre une couche de modernité – avec plus de brio que son piètre confrère Hong Sang Soo à qui il donne une leçon de cinéma.
On a du mal à croire qu’à l’image de son mentor, Hamagushi laisse une certaine liberté de création à ses acteurs dans les dialogues par souci de naturalisme. Au contraire, tout y semble écrit à la ligne près (peu de place donc concédée au hasard). Histoire aussi de préserver le suspens et le soudain virage narratif - si jouissif - qu’il a d’avance préparé. Car, Hamagushi sait nous captiver d’emblée, puis nous endormir avant de subitement nous surprendre au moment où l’on s’y attendait le moins, à travers une très intelligente réflexion sur la mise en scène (l’amie qui s’imagine au café une péripétie avec l’homme qu’elle dit encore aimer, l’étudiante qui dit au professeur comment agir, la fausse amie de lycée qui veut refaire la scène). Le tout autour d’une variation sur l’amour et l’érotisme, thèmes récurrents chez Rohmer, quoique abordés à l’époque avec plus de pudeur. Et comme chez celui-ci, les acteurs (et surtout les actrices) de Hamagushi parlent, se confessent, se dévoilent, mentent, trompent, se cherchent émotionnellement, se mouvant au fond au bord d’une hystérie amoureuse, voguant dangereusement entre vérité et mensonge, réalité et fiction, passé et fantaisie, avant de retomber cruellement dans le réel.