Et si finalement ceux qui n'ont pas aimé le roman de Laurent Mauvignier, Continuer, appréciaient davantage le film éponyme de Joachim Lafosse ? L'inverse doit être vérifiable, également. Le livre, paru aux Editions de Minuit, était lesté d'un nombre incalculable de flashbacks et digressait vers tout un tas de sujets dont le terrorisme. Point de cela dans le film qui reprend l'essentiel de sa trame, la chevauchée en Asie centrale et l'affrontement psychologique entre une mère et son fils qui se sont ratés jusqu'alors. Pas d'explications superflues, une narration épurée, peu d'action, aucun twist : Continuer joue une partition risquée sur une longueur réduite (1 heure 24, générique compris). L'évolution des rapports entre les deux protagonistes est le seul et unique ressort dramatique, une steppe après l'autre, sans autres artifices que des dialogues intenses (mais peu nombreux) et la splendeur d'un décor de western. A l'écran, la plupart du temps, il n'y a que deux personnages à cheval : l'intrigue est minimale mais ce sont évidemment les paysages intérieurs qui comptent le plus avec ces deux êtres qui vont devoir s'ouvrir, à la nature, mais aussi à l'autre quels que soient les reproches qu'ils ont à faire et les ressentiments qu'ils ont emmagasiné. On retrouve la même approche mentale que dans plusieurs films de Lafosse et notamment L'économie du couple, dont a trop peu souligné la grande qualité (à l'inverse de Les chevaliers blancs victime d'un sujet trop lourd et peu adapté au talent du cinéaste qui est un analyste plus qu'un critique). Virginie Efira continue elle de mener sa carrière sans faute de goût, une fois de plus excellente, au côté d'un Kacey Mottet Klein qui ne cesse de prendre du galon dans la jeune génération. La direction d'acteurs, ce n'est pas nouveau, est un des domaines dans lesquels le réalisateur belge est des plus remarquables.

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le 24 janv. 2019

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