Cas typique de l'adaptation américaine d'un film étranger s'étant fait remarquer par le biais d'un festival ou d'une cérémonie (en l'occurrence la cérémonie des Oscars), Contrebande suit les pérégrinations d'une famille s'engouffrant dans un bourbier de plus en plus dangereux. Alors si certaines adaptations, sans égaler leur aîné, se laissent regarder sans sourciller (on pense notamment au Millénium de David Fincher ou au Funny Games de Michael Haneke), Contrebande aura bien du mal à convaincre le plus grand nombre.

Le film orignal, Reykjavik-Rotterdam (Illegal Traffic en français), suivait le trajet entre l'Islande et Rotterdam d'un cargo transportant une cargaison plus qu'illégale. Sans pour autant être une référence du genre, l'ambiance y était glaciale, sans concession avec une patte artistique qui n'était pas sans rappeler certains métrages scandinaves comme Norway of Life ou la trilogie Pusher. Contrebande est quant à lui édulcoré, trop coloré dans sa mise en scène et trop grand public pour entraîner le spectateur dans un polar réellement sombre.

Et pourtant quand on sait qu'il s'agit de l'un des acteurs de Reykjavik-Rotterdam qui était à la réalisation, Baltasar Kormakur, on était en droit d'attendre un peu plus de personnalité chez ce film qui sent bon la commande expédiée à la va-vite.

Néanmoins, tout n'est pas à jeter dans Contrebande. Ceux qui n'ont pas vu l'original assisteront à un divertissement honnête doté d'un casting haut en couleur faisant le minimum syndical comme ils savent si bien le faire. Mark Wahlberg sourit et contracte le biceps à la moindre occasion, Kate Beckinsale est juste là pour faire jolie et Ben Foster, tout en manquant cruellement de profondeur, nous avait habitué à bien mieux avec des films comme Alpha Dog ou The Messenger qui va enfin sortir dans nos linéaires.

Seul Giovanni Ribisi assure le spectacle. Donnez-lui dix grammes de poudre blanche et cet acteur constamment proche de la folie furieuse vous jouera n'importe quel rôle à la perfection. Dernièrement il avait sauver du désastre Rhum Express. Il en fait de même avec Contrebande. A cela s'ajoute deux ou trois séquences survoltées empruntant à des références incontournables du genre comme Heat.

En résulte un divertissement en demi-teinte qui mise essentiellement sur un public ignorant tout de l'orignal. Pour les autres, le temps risque de passer lentement, très lentement.

---
Auteur : Wesley
LeBlogDuCinéma
6
Écrit par

Créée

le 23 avr. 2012

Critique lue 1.1K fois

2 j'aime

3 commentaires

Critique lue 1.1K fois

2
3

D'autres avis sur Contrebande

Contrebande
badgone88
3

Un polar maritime qui fait plouf.

Un polar maritime peu passionnant brassant grotesquement tous les poncifs du genre. Le réalisateur se contente de remplir le cahier des charges et ne se soucie guère du reste : le film ne décolle...

le 16 avr. 2012

8 j'aime

5

Contrebande
AMCHI
7

Un remake solide

Baltasar Kormákur avait produit et fut l'acteur principal du film islandais Illegal Traffic mais il se trouve qu'il est aussi réalisateur et ce n'est autre que lui-même qui a tourné le remake...

le 25 avr. 2016

7 j'aime

3

Contrebande
Hyunkel
3

Méfiez vous des contrefaçons

Seulement quatre ans après que l'Islande ait présenté Illegal traffic (Reykjavik-Rotterdam en VO) pour l'oscar du meilleur film étranger, voilà que les Etats-Unis décident d'innover et d'en réaliser...

le 22 mai 2012

5 j'aime

Du même critique

Buried
LeBlogDuCinéma
10

Critique de Buried par Le Blog Du Cinéma

Question : quels sont les points communs entre Cube, Saw, Devil, Frozen et Exam ? Ce sont tous des films à petit budget, dont le titre tient en un seul mot, et qui tournent autour du même concept :...

le 21 oct. 2010

43 j'aime

4

The Big Short - Le Casse du siècle
LeBlogDuCinéma
7

Critique de The Big Short - Le Casse du siècle par Le Blog Du Cinéma

En voyant arriver THE BIG SHORT, bien décidé à raconter les origines de la crise financière de la fin des années 2000, en mettant en avant les magouilles des banques et des traders, on repense...

le 16 déc. 2015

41 j'aime

Un tramway nommé désir
LeBlogDuCinéma
10

Critique de Un tramway nommé désir par Le Blog Du Cinéma

Réalisé en 1951 d’après une pièce de Tennessee Williams qu’Elia Kazan a lui-même monté à Broadway en 1947, Un Tramway Nommé Désir s’est rapidement élevé au rang de mythe cinématographique. Du texte...

le 22 nov. 2012

36 j'aime

4