Auteur d'un Crime City plutôt sympathique avec le ghost dog, celui qui suivait une voie de samouraï pas aidé par ses yeux qui se disent merde (ou au contraire car ses yeux permettent de couvrir un plus grand angle, une théorie à approfondir mais bon, là n'est pas le sujet), Baltasar Kormakur remet ça avec un casting plutôt sympathique. Dans ce remake d'un film au nom imprononçable (heureusement qu'on peut faire copié-collé sur l'ordi) et que seuls les cinéphiles les plus assidus ont dû visionner, il se démerde pas mal.

Le film démarre en fanfare avec un semblant de remake de 60 Secondes Chrono qui est lui-même un postiche d'autres films du genre. Bref, tout ça pour dire qu'on n'a pas la sensation de visionner quelques choses de nouveau dans cette histoire d'ancien génie criminel rangé et obligé de rempiler suite à une connerie d'un membre de la famille/ami – grosse dette et mafieux fou-fou, tu vois le trip.

Mais dans Contrebande, on assiste à une bonne réalisation, un scénario bien écrit et un casting qui se démerde. Pas une fausse note. De plus, la tension monte doucement mais sûrement en multipliant les scènes de confrontations jusqu'à la contrebande à proprement dite. On est subjugué par l'intelligence de ces contrebandiers qui rivalisent d'ingéniosité pour faire passer la marchandise sous le nez de la douane. Sans nul doute que le script originel aura été étudié ou provient de l'expérience d'une personne X.

Vers le milieu du film, on débarque au Panama pour ce qui est la meilleure partie du film. Les décors sont sublimes et contrastent à merveille la différence du niveau du vie, des gratte-ciels, on poursuit notre voyage dans des simili-favelas. En outre, c'est aussi là qu'on a une excellente scène d'action rappelant l'incroyable scène de fusillade d'Heat (sans arriver à sa majestuosité – non mais oh, il faut s'appeler Michael et Mann pour ça).

Contrebande finit par commencer à montrer son jeu, on comprend alors que l'intrigue est moins linéaire que ça. Vers les deux tiers, toutes les cartes sont abattues et on atteint un crescendo de tension qui malheureusement finit par se dégonfler, la faute à une intrigue devenant beaucoup trop prévisible. On a comme l'impression qu'il y a eu un changement sur la fin, que le rouleau compresseur hollywoodien est passé par là pour changer un script jusqu'ici excellent et y adjoindre sa patte – prévisibilité et aucune innovation. Peut-être que je me trompe et que c'était déjà le cas dans l'original mais ce problème est tellement récurrent dans les remakes hollywoodiens.

C'est vraiment dommage parce que le film méritait un beau 7/8 jusqu'au point de rupture facilement identifiable, je le cite en spoiler :


SPOILER SPOILER SPOILER
A partir du moment où on voit que la femme n'est pas morte, on comprend alors comment ça va finir. Non mais y en a qui ont toujours pas compris qu'un excellent film se finit rarement bien.
FIN SPOILER


D'autant plus énervant qu'il y avait moyen de faire un final de feu où tout dégénère et finit en bain de sang avec un Mark qui pète un plomb. Un peu à la Drive en fait. Au lieu de ça, ben vous savez comment c'est, tour de passe-passe et tout ça.

Le casting réunit trois gueules qui n'ont malheureusement jamais réussi à percer en tête d'affiche comme Ben Foster (incroyable partout où il joue), Giovanni Ribisi (inoubliable depuis Il faut sauver le soldat Ryan – le mec doit prendre de la drogue quand il joue, ce n'est pas possible autrement) et Caleb Landry Jones (dans la meilleure scène d'action de X-Men Le Commencement – lui encore, il a du temps mais bon, j'y crois moyen). Ces trois-là se démerdent bien.

Pour la tête d'affiche, l'inoxydable Mark Walhberg ne changeant toujours pas sa façon de jouer (gueule de bad ass pour les hommes qui aime voir des gros durs à l'écran, petit sourire en coin pour faire craquer les femmes – macho man quoi) même s'il a tenté auparavant via des comédies (Very Bad Cops ou Crazy Night) mais il avait l'air tellement mal à l'aise. En même temps, c'est pour ça qu'on l'aime. Et la magnifique Kate Beckinsale, unique atout de valeur de la saga Underworld, arrive à faire oublier sans peine la magnifique Selene pour rentrer dans le rôle d'une femme « faible » (comprendre par faible, de ne pas être capable de se débarrasser de trois hommes avec des high kick et des saltos – je ne veux pas qu'on me prenne pour un gros macho).

La réalisation n'a rien de transcendant mais arrive à capter de beaux plans d'extérieurs collant parfaitement au sujet sans oublier un excellent jeu de lumières (on pouvait déjà l'observer dans le très sombre Crime City). On voit bien que l'inspiration, c'est surtout Mann.

Conclusion :

Contrebande est un thriller bien emballé souffrant juste de son final qui se casse la gueule à cause d'une tare souvent visible dans les remakes. En gros, on pourrait aussi dire que c'est un film qui essaie de faire du Mann sans son génie (d'ailleurs c'est quand le prochain film de MM?).
Marvelll
6
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le 1 mai 2012

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