Ce qui est terrible quand on est dans une salle de cinéma, c'est de lutter contre un assoupissement insistant lors d'une projection. Ce n'est pas forcément la faute à un coup de barre digestif qui fait déconnecter le cerveau après un repas copieux.
Le nouveau film de Bertrand Blier, réalisateur auquel on a aimé Buffet Froid ou Calmos, est une arme à ensommeillement massif du fait des monologues qui plombent des scènes, qui donnent cette sensation de ralentir le temps. On se dit que le fils de Bernard est fatigué. Comme notre Gégé qui semble avoir perdu sa verve, au bénéfice de son ami Christian Clavier qui ne fait pas, lui, dans la jacquouillerie. Les deux compères parcourent les rues d'une ville la nuit, en respectant un scénario qui a tout d'un jeu de piste. Tous les personnages errants suivent, réclament ou attendent chacun un scénario personnel pour exister, avancer, suivre les directives d'une milice du synopsis, ou non. Est-ce le jeu du joue ou crève ? Que peut bien faire passer comme message ici Bertrand Blier, en dehors de l'absurde comme dans une bande dessinée d'Edika ? Aime-t-il se foutre du monde d'un cinéma peu inspiré à l'image des scénaristes bénêts coachés par la hargneuse patronne jouée par Audrey Dana ? Ou bien se moque-t-il des gens qui attendent que tout leur tombe du ciel dans la vie ? Je n'en sais foutre rien. En outre, le rire est rare dans la salle et l'émotion tend à forer l'épaisse couche d'ennui des dialogues ou des monologues : ça passe ou ça ne passe pas.
Notons qu'Alex Lutz, dans tout ça, s'en sort bien en donnant une bonne présence dans son rôle secondaire tant on ressent son implication. C'est un des points positifs. Bertrand Blier ne s'est pas trompé de l'avoir choisi.
Le Bruit Des Glaçons m'avait dégoûté du vin blanc durant un bon moment sans pour autant trouver ce film excellent. Aujourd'hui, Convoi Exceptionnel donne l'envie de replonger dans la filmographie grinçante des débuts du réalisateur afin de se dire qu'il a fait bien mieux, il y a longtemps.
Et un tant pis de plus ...