Coraline
7.2
Coraline

Long-métrage d'animation de Henry Selick (2009)

Avoir les boutons en face des trous et les chocottes dans ce monde fou

Un enfant vit souvent à deux vitesses : quand il s'ennuie il semble que l'horloge ralentit son rythme, tandis que dès que la joie arrive, tout se déroule trop vite ...

Ainsi on s'identifie assez facilement à cette petite fille en cette après-midi morne et pluvieuse dans une nouvelle maison où se côtoient le kitsch, le ringard, l'antique et l'absurde. On aimerait sortir, égayer sa vie, protester contre l'autorité parentale et non pas compter le nombre de vitres, mais plutôt partir à la recherche d'un puit magique ...

Dans ce paysage bien construit bien que contrasté, se trouve une petite porte cachée derrière du papier peint décrépi : elle permet pour ceux qui y sont appelés de découvrir un monde magique, idéalisation de la réalité où tout semble magique, un conte de fée, une maison de poupée ... C'est là que les choses se gâtent puisque justement il y a une certaine artificialité dans ce sourire et dans l'éclat froid des boutons noirs qui servent d'yeux aux habitants de cette réplique mielleuse, collante, dérangeante et sournoise. Un peu de couture ?

D'un fil à l'autre de l'intrigue, on retrouve des références (Alice au pays des merveilles, The Ring, un air d'un étrange Noël, un peu du couloir vers le monstre aux mains crochus/visuelles du Labyrinthe de Pan), des poncifs (la maison où on ne doit pas le dire mais il ne faut pas y habiter car la soeur jumelle de la grand-mère y aurait disparu de manière étrange, la délition du monde merveilleux laissant place au cauchemar, le voisin bizarre qui devient un adjuvant etc ...) et une ambiance tissée de main de maître avec un malaise grandissant, la curieuse impression que certaines choses ne sont pas à leur place, de la manipulation dans l'ombre, aidée en cela par une bo doucereuse, insidieuse et inquiétante naviguant entre la semi comptine fredonnée et le petit air aigrelet.

Alors l'intrigue n'est pas novatrice mais ces personnages sont bien campés et le coté poétique, décalée est un plaisir : Selick réussit malgré la non surprise du scénario à nous tenir en haleine grâce à des alternances d'ambiances, de cadres.

Une réussite que nous nous devons cependant de mettre aussi sur le dos de l'admirable Neil Gaiman qui est l'auteur du roman à l'origine du film. Une agréable surprise avec laquelle vous pourriez en découdre pour démêler le vrai du faux, sauver les apparences pour tomber dans la toile cliquetante de cet autre vous enfantin et primaire qui vous oblige à sursauter dans le noir tandis qu'un ensemble de rongeurs prépare une macabre farandole musicale dans l'ombre de vos pas ...
Cmd
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le 26 juin 2012

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